Last days of summer est baigné d'une
atmosphère tout à la fois grave et suave où
la chaleur fait transpirer les coeurs et les âmes ; la
réalisation y est aérienne, parfaitement fluide
et toute emprunt d'une douceur mouvementée. Le fond du
scénario nous est connu et au bout d'un moment on a envie
de se dire "Ce qui devait arriver, arriva".
Mais cette oeuvre traite des apparences et met en exergue un
tueur jugé dangereux et infréquentable (mais qui
saura se faire une véritable place au sein d'une famille,
devenir le père et le mari qu'il n'a jamais pu être)
et un père de famille lambda qui a laissé tomber
sa femme et son fils, avouant à la toute fin avoir baissé
les bras égoïstement ; une analyse de la "famille"
d'une rare justesse.
Un fabuleux tête à tête entre un personnage
fragile (K. Winslet avec beaucoup de retenue ; touchante) et
un dur (J. Brolin, trop souvent mésestimé, ici
jouant à merveille sur les nuances de son rôle),
une histoire d'amour naissante malgré l'étau qui
se resserre autour d'eux ; comme s'ils étaient maudits
et n'avaient droit au bonheur d'une vie. Mais le film évite
soigneusement la ligne droite, entrecoupant le récit
d'aller-retour dans le passé à des fins explicatives
: et deux scènes vont faire basculer le film dans le
drame, donner toute sa valeur au film, toute leur complexité
aux personnages ; l'une d'entre elle étant particulièrement
éprouvante (pour qui l'a vécu...).
Alors on maudit ce passé duquel les amants ne peuvent
se défaire : le film monte en puissance, tardivement
peut-être, et atteint le sublime, laissant de profonde
trace sur l'esprit du spectateur. Même si le film est
imparfait, la mise en place un peu plate et convenu, l'adjonction
d'un personnage parasitant le propos (la petite fille mettant
artificiellement de l'huile sur le feu), Reitman a encore frappé
fort.