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Intouchables
Budget = 9,6 M$
BOX OFFICE France = 5 794 / 191 342 - 2 127 000 (2 205 000) - 19 503 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,1 / 0,4 / 10,2 M$
BOX OFFICE Monde = 426,6 M$
 

Comment aborder la critique de ce monument de l'année 2011 ? En vous précisant qu'il s'agit pour moi d'un très bon film ? Imparfait mais très drôle ? J'ai mieux : je vais en en faire une étude comparative avec Bienvenue chez les Ch'tis ! Deux comédies à la sauce populaire avec sensiblement le même succès homérique en salles mais avec d'importantes différences qualitatives. Petite précision technique que je me dois de faire avant toutes choses -mais si vous suivez l'actu du box office sur ce même site vous le savez déjà- et qui tient au parcours des deux films : l'écart entre la longévité basé sur le bouche-à-oreille d'Intouchables et l'effet de masse irraisonné qui a donné la plupart des entrées aux Ch'tis en seulement deux mois. La première différence tient donc au contenu : Intouchables joue sur différentes gammes d'humour, un humour à deux voix, un rien plus "corrosif", plus rentre-dedans et surtout décomplexé, un humour recherché que l'on retrouve nulle part ailleurs ; les Ch'tis se contentent de recycler plus ou moins les mêmes vannes, notamment celles ayant attraits à la différence de parlé. Intouchables possède de véritables qualités de réalisation : des gros plans que ne se permet jamais Boon, des scènes plus "crues" filmées caméra à l'épaule, une photographie moins lisse (un comble les Ch'tis -dont la photo est pourtant le seul point totalement positif-, film qui parle quand même de mauvais temps !). Autre différence : le traitement du sujet ne tient pas seulement à la comédie mais marie les genres : le drame est présent dans Intouchables, pas seulement le drame du personnage que joue Cluzet, mais également celui d'un grand gamin de banlieue, pauvre, délinquant et qui ne peut soutenir une famille aux abois (l'un des enjeux important du film). Boon ne prend aucun risque et la comédie n'est jamais mis en exergüe par autre chose que par elle-même dans cette grosse machine à faire rire, minutée, programmée, et dont on sent l'écriture franchement artificielle. Autre chose : les personnages sont émouvants, touchants et ont une vraie présence dans Intouchables, au-delà de la diégèse du film (le côté "histoire vraire" peut-être...) : des personnages aux différences marqués, aux drames complexes (pas seulement le handicap mais également l'amour, sa perte, sa recherche, et finalement l'acceptation complète de sa condition pour Cluzet ; pas seulement la réinsertion pour Omar mais le rapport à la mère, la protection de la famille et ses aléas), des personnages qui interagiront véritablement et changeront au contact l'un de l'autre, leurs différences apportant à l'autre ce qui lui manquait, sans pour autant changer leur nature profonde ; un enjeu flou et subtil. Dans Bienvenue chez les Ch'tis les personnages restent interchangeables avec n'importe quel personnage de n'importe quelle comédie française lambda, ils restent filiformes et vagues derrière leurs gags trop écrits (on sentirait d'ailleurs un peu d'impro dans Intouchables, le côté "One man show" d'Omar que Boon perd en passant sur grand écran). Des personnages peu ambitieux qui n'auront que l'intéret simple et simplet de comprendre au bout d'une heure cinquante qu'ils sont tous identiques.... l'enjeu est aussi limpide que maigre. Le traitement du thème de l'amour est d'un ennui mortel chez les Ch'tis, très "Hélène et les garçons" alors qu'Intouchables se permet un traitement plus complexe, plus sensible, moins linéaire ; un double intéret pour une double histoire là aussi très différente quant au rapport aux femmes des deux protagonistes. Dernier point : O. Sy apporte un énorme plus au film, de par son statut comico-dramatique mais également grâce à cet aspect plus rassembleur qu'aucun personnages franchouillards et vieille France de Bienvenue chez les Ch'tis n'apportait, excluant d'emblée les gars comme moi qui ne se reconnaissaient dans aucun d'entre eux. Intouchables n'est pas pour autant un chef-d'oeuvre du 7ème art : son écriture reste rectiligne, il y a quelques scories, quelques imperfections mais les qualités priment. Bon : maintenant vous savez vers lequel va ma nette préférence ! Petite remarque : les 3 ténors du box office historique en France sont maintenant Titanic, Bienvenue chez les Ch'tis et Intouchables (mais si, mais si !) : le premier met en scène un personnage pauvre découvrant l'amour chez une riche, le second un homme du sud découvrant des amis chez les gens du nord, le 3ème un banlieusard découvrant un sens à sa vie chez un bourgeois... le thème de la différence : la recette du succès est-elle par là ?

Voir : The upside
La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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