The iceman comptera parmi les plus grands
films de l'année 2013. L'imposant, le monumental Michael
Shannon s'impose en Jekyll et Hyde moderne, contemporain et
glacial puisque nul besoin de quelconque fantaisie ; entre le
bon père de famille / mari et le tueur sans âme,
le poète et l'assassin aux beaux principes et au sang
définitivement froid. M. Shannon entre ombre et lumière,
souvent filmé de dos, rarement les yeux dans les yeux,
dans un film où la photographie est à tomber sur
le cul. Même si on a l'impression de connaître l'histoire
par coeur, tous ses tics de la pègre, un peu comme si
rien n'avait évolué depuis Scorsese (pas même
R. Liotta !!), le film est entièrement dévoué
à son personnage principal, vu par le prisme de son existence
hors du commun. Car c'est loin d'être un gangsta movie
de plus, un film classique : le charisme hors norme de son "héros"
ne pourra que vous séduire, sa sublime ambiguité
qui semble représenter l'âme même de l'espèce
humaine. Savons-nous qui est réellement notre voisin,
notre ami, notre... Une parabole troublante, gênante même,
une oeuvre sombre, implacable, effrayante qui puise au plus
profond de nous, dans des recoins que nous ne connaissions pas
où avions décidé d'oublier ; un film qui
nous scrute intensément en même temps qu'il nous
touche de par l'étrange émotion troublée
qui se dégage de son final. Un électrochoc.