L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet 
                  est le genre de film qui tire le cinéma vers 
                  le haut : j'avais quelques appréhensions en le voyant 
                  -dues à son bide en salles- mais elles ont toutes été 
                  levées.  T.S. Spivet nous prouve que 
                  Jeunet n'a rien perdu de sa superbe : il nous propose une oeuvre 
                  mouvementée où sa caméra bouge sans cesse, 
                  subtilement, changements de plans louables à l'appui, 
                  restant toujours très visuel et n'oubliant jamais le 
                  spectacle et l'art du cinéma, l'art de l'image. On retrouve 
                  son style, sa griffe et son ingéniosité, ses petits 
                  trucs truculents, ses personnages au caractère bien trempé, 
                  mâtiné de drame touchant, son univers magnifié 
                  par un travail nous plongeant corps et âme dans l'imaginaire 
                  enfantin, n'oubliant pas de mettre quelques courbes au récit, 
                  tout en finesse. Un film débordant d'idées folles 
                  et drôles mais jamais envahissantes, boostant la trame, 
                  empli de jolis dialogues bien pesés. Un road movie charmant 
                  se délectant de la bizarrerie ambiante, fustigeant le 
                  monde des adultes ; le tout caressé de musique pour la 
                  route, de paysages à la beauté étourdissante. 
                  Jeunet poursuit son oeuvre, mariant à merveille la poésie 
                  et le cinéma, faisant naître naturellement l'émotion. 
                  La dernière partie, au Smithsonian, est simplement un 
                  peu moins réussie. Son triste sort en salle est profondément 
                  injuste.