Don Jon ou la génération Youporn.
Ce n'est pas qu'un film drôle sur le sexe virtuel. Ce
film évoque surtout l'homo youpornus, celui qui n'est
plus qu'à la recherche du fast sexe, disponible quand
il veut, où il veut et selon ses propres besoins, du
sexe sans risque, sans risque de tomber amoureux, du sexe parfait,
du fantasme aussi absolu qu'irréel, du plaisir facile
et du choix en illimité. Ce film est effectivement libre
de ton, très fun avec son humour mordant et sa vision
sexuée des mâles modernes, son mariage du sexe
et de la religion, sa très grande honnêteté
et ses personnages très vivants (le porno addict maniéré,
un Tony Danza qui casse son image, la femme qui cherche l'homme
"parfait", la sister en phone addict, la mama italienne
vieux jeu, les potes...). En voilà du très bon
ciné indie américain comme je les affectionne,
avec à la barre un réalisateur prometteur (la
répétition intelligente de ses plans à
mettre en parallèle avec la vie de son personnage) et
un montage somptueusement elliptique. Mais l'intérêt
du film est encore plus à chercher dans cette description
de l'homme du 21ème siècle, celui qui recherche
avant tout son plaisir et le confond avec l'amour (ou pas...),
le plaisir dans la beauté et le ressentir physique, mais
se retrouve démuni face à sa véritable
sexualité, sans spiritualité, sans sentiment,
sans que l'autre reçoive autant qu'il donne (sans jeu
de mot, bien sûr...) ; l'homme moderne n'a plus de "morale",
il se confesse et recommence, où il a plutôt une
morale de surface, égocentrée. Ce film en dit
beaucoup sur notre société, par-delà un
exemple extrême (?) et tourné en dérision.