Une femme tousse, un homme titube, quelqu'un est pris d'une
violente poussée de fièvre. Puis on dénombre
un mort, puis deux ; puis des dizaines, soudain des milliers
: Une maladie inconnue et foudroyante s'apprête donc à
ravager le monde.
Soderbergh s'appuie intelligemment sur un casting qui donne
le tournis, une photo marquée et marqueur -notamment
géographique-, ainsi qu'une montage alterné toujours
percutant.
Le film était impressionnant en 2011, aujourd'hui, en
pleine pandémie, il est absolument éloquent, abasourdissant
de clairvoyance. Efficace, précis, méthodique,
réaliste et incroyablement documenté, on y retrouve
tout un vocable bien connu dont je ne peut m'empêcher
de dresser ici la liste afin de bien comprendre les thématiques
abordées et la justesse du propos, sa précision
documentaire : symptômes, transmission, taux de reproduction
du virus, quarantaine, fermetures d'école, confinement,
immunité, distanciation sociale, protocole sanitaire,
ruée sur la nourriture, OMS, remèdes pseudo-miracles,
fake news, complotisme, mutation, vaccin et effets secondaires,
antivax, pass sanitaire. Et les inévitables masques !
Ici les héros sont des médecins et des chercheurs,
les véritables héros du quotidien ; pas forcément
les stars, assujetties elles aussi, pour certaines, aux aléas
de la maladie.
Passionnant et terrifiant de A à Z : aujourd'hui on sait
que l'on ne sera pas détruit par une comète, l'explosion
du soleil, le nucléaire, la pollution ou une obscure
société secrète... mais par un microscopique
être vivant. Contagion l'avait vu venir
et parfaitement cerné. Aussi incroyable que cela puisse
paraître lors de son premier visionnage.
L'analyse du film tel que je l'avais vu en 2011 :
"Un film médical, hésitant, très documenté,
un anti-film catastrophe qui sait suivre ses personnages sans
les scénariser (pas de trauma, d'histoire -ou très
peu-, de problèmes, d'envie, pas plus que de leçon...),
une oeuvre strictement chronologique et froide comme sa musique
électro, sa photo glaciale et parfois charnelle, une
oeuvre qui frôle le documentaire -hors mis tout ce qui
concerne la mise en scène implacable. Pas de véritable
suspens, pas de héros, une intrigue linéaire,
quelques sous-intrigues peu encombrantes qui servent le propos
initial ; ce film est en fait un simple constat : la logique
y est effectivement médicale, le côté social
n'a rien de cinématographique et se concentre sur les
dérives d'une situation soudainement extrême (profiteurs,
chaos, héros de l'ombre vite oublié, fabulateurs...etc).
Mais il sera justement difficile de s'attacher au film, pour
toutes les raisons sus-citées, parce que le scénario
décode le genre et, peut-être, se cherche un peu
: pas assez fictif pour certains, trop SF pour d'autres, pas
assez docu ou pas assez cinématographique, balisé.
Il manque, pour ma part, une chose tout de même essentiel,
même si le projet est plus que louable, il s'agit de cette
émotion qui nous permet de nous impliquer complètement
dans le film. Un anti "Alerte !", un nouveau genre
issu du docu-fiction télévisuel et à l'ambiance
aussi peu engageante qu'un protocole militaire d'urgence. L'art
du montage "soderberghien" pointe le bout de son nez
à la toute fin".