Un cambriolage, un témoin aveugle, un journaliste, un
professeur qui en sait plus qu'il ne le dit... Et tellement
plus au travers d'un scénario rudement bien agencé,
suffisamment pour nous tenir en haleine de bout en bout : Argento
y promène sa caméra aiguisée comme un regard,
jouant avec la suggestivité autant qu'avec quelques scènes
chocs, au plaisir pervers. Il y fait montre de beaucoup de subtilité
et d'une efficacité vraiment redoutable ; et le montage
au couperet donne à l'oeuvre des allures de classique.
C'est une enquête sous la forme d'un giallo, film issu
de la trilogie animalière (dont Phenomena
serait un peu le tenant d'une tétralogie) qui
adopte tous les tics du genre et du maître, nous promenant
entre l'épouvante et le polar.
Tout à la fois classique dans les termes et original
dans la mise en scène, Le chat à neuf
queues traite insidieusement de sujets ambitieux, tournant
autour de recherche scientifique et d'adoption, le tout mué
en une enquête journalistique passionnante, aux fausses
pistes délicates, dont les arcanes sont complexes et
extrêmement bien diffusées ; et au final forcément
étonnant. On retrouve un réel plaisir à
suivre ces personnages, du charismatique journaliste au héros
aveugle qui apporte à l'histoire une véritable
particularité.
Et la douce mélopée signée Morricone n'enlève
rien à notre plaisir.
Une pimpante réussite.