Une intro pour capter toute notre attention : avec la puissante
et céleste musique des Goblins qui résonne jusqu'en
nos âmes - chef d'oeuvre absolu-, la caméra d'Argento
qui prend un peu d'altitude, devient suggestive afin que l'inquiétude
progresse, incessamment... Jusqu'au meurtre, aussi sculptural
qu'abominablement esthétique. La puissance de la nature
-vent & torrent- répondant à la force brute
du meurtrier.
Il s'agit du récit en parallèle de ce bien mystérieux
tueur et d'une jeune américaine qui débarque en
Suisse, personnage central et Ô combien atypique : végétarienne,
en communication avec les insectes, somnambule et hantée
de cauchemars très déconcertants.
Il n'en faut pas bien plus pour faire de Phenomena
une perle du cinéma horrifique. Parce que c'est la plus
grande composition de cet immense groupe que sont les Goblins,
elle génère à elle seule une ambiance totalement
irréelle. Parce que le scénario s'avère
être le plus solide du maestro transalpin, d'une formidable
densité et d'une grande richesse. Parce que le montage
elliptique fonctionne quasi miraculeusement (bien qu'un peu
abrupt parfois), et que l'histoire s'en trouve être parfaitement
équilibrée, entre polar et fantastique ; parce
que l'oeuvre, dans sa globalité, nous maintient constamment
dans un état second, fascinés que nous sommes
par cette espèce de psychose ambiante. Il fallait pour
magnifier le tout une réalisation précise, maniérée,
incisive, immersive, à l'élégance doucâtre,
parfaitement et intelligemment élaborée pour nous
prendre à la gorge. Et Dario Argento répond présent
à chaque plan.
Phenomena devient alors un giallo très
élaboré, l'un des plus grands du genre, d'une
immense originalité, fouillant des domaines inexplorés
par le 7ème art : sans l'ombre d'un doute le chef-d'oeuvre
d'Argento.
NOTE : 15-16 / 20