Il est certains films qui délivrent une véritable
poésie, quasi littéraire, vire à la pure
magie cinématographique.
Loin d'être tout rose, Broken flowers
est de ceux-ci : un long mais jamais ennuyeux poème automnal,
une balade mélancolique à la Jack Kerouac, un
voyage à la fois intérieur (à travers une
vie, par le biais des amours) et extérieur (l'Amérique
et les américains) qui pousse un homme morose, un peu
perdu dans sa vie d'ex-Don Juan, à rechercher une nouvelle
raison d'exister ; une remise en cause dûe à la
vieillesse naissante (un peu à la manière de Une
histoire vraie), une remise en cause qui passera
forcément par un retour mélancolique dans un passé
utopique... L'auteur le dit fort bien : "Tout ce que l'on
a, c'est le présent". La fin en est la plus parfaite
et la triste des illustrations.
Broken flowers est un film fort du souci de
chaque détail intrésèque à chacune
des scènes -signature d'une oeuvre indépendante-,
un film plein de symboles (les images TV, la musique, les clins
d'oeil humoristiques...) et orné d'une musique de composition
en apesanteur, un rien gitane. Par l'un des tout meilleurs réalisateurs
américain contemporains. Seule la dédicace à
Jean Eustache me laisse sans voix... chacun ses goûts
!