Je suis heureux : la comédie française n'est
pas morte ! "9 mois ferme" débute
par deux ou trois plans rudement bien enveloppés, une
intro qui vous claque à la tronche : le film est sur
les rails, sur de bonnes rails. C'est une comédie frénétique,
appliquée, lyrique et joliment cartoonesque : on y retrouve
autant le Dupontel de Bernie que le Sam Raimi de ses débuts.
Une oeuvre profondément expressionniste qui, parfois,
part visuellement un peu dans tous les sens ; mais certains
plans sont tout bonnement uniques dans le paysage cinématographique
français... Et on y retrouve un humour grinçant,
giclant, un scénario décalé, ne s'attachant
pas à la normalité, et une intrigue bien tordue
; Dupontel laisse son empreinte sur tous les personnages et
il aurait fallu donner un César à N. Marié
pour son rôle d'avocat absolument truculent.
Le film s'en trouve irrésistiblement drôle, parfois
totalement hilarant, une vraie bouffée d'air frais dans
un genre ultra-formaté pour des spectateurs télévisuels
guère habitués à être surpris et
pris à rebrousse-poil. Voilà ce qui manquait à
la comédie française, même s'il en faut
pour tous les goûts, soit l'exact opposé de ce
que sont et font les Boon & Dubosc : du rire ni gentil ni
sirupeux, du rire qui tâche, regorgeant d'inventivité,
toujours acerbe, politiquement incorrecte (les séances
d'info TV du film sont gouleyantes), empreint d'une véritable
ambition visuelle et littéraire, fouillée, issu
d'un auteur ne cherchant pas forcément à plaire
mais avant tout à se faire plaisir, faisant jaillir derrière
tout cela une véritable sensibilité.
Merci Albert et bravo à l'académie des César
pour le prix du scénario original : une décision
couillue en réponse aux critiques de Dany !