Editorial
Filmographies
Le coin fantastique
Mail
Liens

 

INTERVIEW de Nicolas Bary, réalisateur de Les enfants de Timpelbach :

Quel a été ton parcours pro avant Les enfants de Timpelbach ?

J'ai commencé à faire mes premiers courts métrages au lycée avec des amis et cousins... J'ai ensuite commencé l'ESRA après avoir passé le bac et dès la première année, j'ai pu travailler en production en tant que stagiaire, puis sur le tournage du Petit Poucet d'Oliver Dahan.
J'ai ensuite travaillé en régie ou en tant que stagiaire mise en scène sur différents longs métrages: Blueberry de Jan kounen, Pas sur la Bouche d'Alain Resnais, Mes enfants ne sont pas comme les autres de Denis Dercourt, La Vie promise d'Olivier Dahan, La Première fois que j'ai eu 20 ans de Lorraine Levy, et des renforts sur Alive, Narco, Da vinci code, etc...
En parallèle j'ai auto-produit mes 2 premiers courts métrages professionnels (Fragile et Before, ce dernier étant le pilote des enfants de Timpelbach). J'ai ensuite commencé à réaliser des publicités: Tabasco, Kinder et Total. J'ai rencontré Dimitri Rassam qui travaillait à l'époque à la Petite Reine. Nous avons fait Judas ensemble (mon 3ème court métrage) puis commencé le développement de Timpelbach.

Comment se débrouille-t-on pour monter un film quand on n'a pas encore un nom dans le milieu du long-métrage de cinéma ? Peux-tu nous détailler ton parcours concernant Les enfants de Timpelbach ? Quand est-ce que les noms de Depardieu et Bouquet se sont-ils greffés au film ?

Il s'agissait de développer beaucoup le projet tant sur le scénario que sur tout l'univers visuel (les costumes, les accessoires, des recherches sur la déco, des ambiances, et le storyboard) afin de constituer un dossier complet qui pourrait motiver et rassurer les coproducteurs. Le fait d'avoir fait un court métrage teaser quelques années auparavant ("Before") a pu aussi présenter le style du film et la direction que l'on voulait prendre.
Mon producteur Dimitri Rassam m'a proposé au départ que Carole Bouquet participe au projet, et nous lui avons donc écrit un rôle en l'imaginant dans le personnage de la femme du juge. Quant à Gérard, il nous a proposé à Dimitri et moi de nous accompagner sur le film.

Le pitch de ton film a un petit air de Sa majesté des mouches et de La guerre des boutons : simples références volontaires ? Sources d'inspiration ? Où alors est-ce que ton film n'a rien à voir avec ces films ?

La guerre des boutons a évidemment marqué ma jeunesse, tout comme les Goonies, ou Bugsy Malone... Quant à sa majesté des mouches, je l'ai lu lorsque j'ai commencé à developper Timpelbach afin de voir les similitudes. Mais dans sa majesté, les enfants régressent et redeviennent des quasi primates, ce qui me paraissait le message inverse de celui de Timpelbach qui propose d'avoir confiance en la capacité de l'enfant à faire face à des responsabilités au dessus de son âge...

Pourquoi Henry Winterfeld (auteur peu connu du public) et qu'est-ce qui t'as motivé pour adapter son livre et faire ce film ?

C'est un livre que j'ai lu enfant, lorsque j'étais en CM2, par le biais de l'école. Ce qui m'a motivé avec ce livre, c'était qu'il était une base formidable pour développer un univers onirique. Je pense que quand on est enfant, on souhaite faire des choses interdites, ou pour lesquelles les parents considèrent qu'on n'en est pas encore responsable. J'aimais l'idée que les enfants se retrouvent seuls, et qu'ils doivent utiliser les capacités de chacun pour retrouver un équilibre.
Ayant des frères et soeurs beaucoup plus jeunes que moi, j'ai pu aborder le travail avec les enfants dans un rapport de grand frère et c'était aussi l'une de mes motivations.

J'aurais souhaiter savoir combien avait coûté les droits d'adaptation du roman ?

Le livre datant de 1937 et continuant à être régulièrement lu par les enfants, le coût des droits n'était quand même pas celui d'un best seller du moment, donc relativement raisonnables.


(Question longue : prend ton souffle) Quelques temps avant la sortie du film, en te basant sans doute sur les projections déjà effectuées, les réactions du public, sachant que le film profitera des vacances de Noël, qu'avec un budget de plus de 13 M€ le film sera lancé sur un nombre conséquent de copies... Combien imagines-tu (ou espères-tu) que Les enfants de Timpelbach puisse attirer de spectateurs, peut-il faire la nique aux Harry Potter et Cie et vas-tu t'intéresser de près à la carrière du film en salles ou attendre sans être fébrile les chiffres du distributeur ?

J'ai très envie de suivre la carrière du film en salle et à l'étranger. Quand au nombre d'entrées en France, disons que la barre du million est haute mais est celle que l'on vise...


13 M€, c'est un budget confortable, au-dessus de la moyenne : on aperçoit des matte-paintings, de beaux décors, un bel effet spécial (l'oiseau) et... Gérard Depardieu ! Bon, alors : qui a couté le plus cher ? Plus sérieusement : est-ce un film à effets spéciaux ?

C'est un film avec beaucoup de trucages car le village de Timpelbach n'existant pas, il a fallu le créer. Les trucages permettent de continuer des décors ou de les agrandir. L'autre partie des trucages était le générique tout en animation, ainsi que les trucages tels que le hamster en 3D ou le pic vert mécanique...

Ce film aura-t-il une carrière internationale hors de l'Europe ?

Le distributeur a déjà commencé à faire des ventes à l'étranger au festival de Cannes sur un promoreel de 5 minutes, mais le gros des ventes se fera sur le film fini. Nous espérons vraiment que le film intéressera les pays hors de l'Europe.

Comment tu te situes par rapport à la jeune génération de réalisateurs de films fantastiques français (Laugier, Vestiel, JM Vincent, Aja et quelques autres) ?

Je pense qu'on a tous le point commun d'avoir été nourris par un cinéma américain depuis le berceau, mais tout en souhaitant trouver un ton pas toujours évident à savoir faire des films français, mais qui aient un caractère exportable.

Un commentaire sur le renouveau difficile (en salle tout du moins) de ce cinéma fantastique made in France (ou presque...) ?

Je pense que culturellement, le cinéma fantastique plait... par exemple, Guillermo del Toro est adoré en France. Il y a peut être un complexe de certains spectateurs par rapport à un cinéma visuel made in France... je pense que cela va se faire naturellement, avec de plus en plus de mélanges de genres et de références... un peu comme dans la recherche de nouveau styles musicaux...

Tu as forcément des références en tant que réalisateur : quels sont tes modèles ?

J'ai adoré depuis ma jeunesse le cinéma de Terry Gilliam... tout le cinéma expressionniste allemand, les films oniriques et décalés... les films d'animations....

Penses-tu que le téléchargement peut nuire à un film à grand spectacle comme le tien, film qui attirera beaucoup plus le public dans les salles qu'un film d'auteur ?

Je pense que tant que le téléchargement ne sera pas complétement régulé, cela sera nuisible pour le cinéma en général.. Je pense que les techniques de cinéma en relief se développant, cela va continuer à faire des salles de cinéma un endroit privilégié pour ressentir des émotions décuplées par la taille de l'écran et la puissance du son. Il est évident que pour un film comme Timpelbach, le voir dans une salle d'enfants qui réagissent au 1/4 de tour à tout ce qui se passe décuple le spectacle du film...

Quels sont les derniers films que tu ais vu et qui t'aient marqué ?

À bord du Darjeeling Limited - Les fils de L'homme - Kung fu Panda - Wall E

Question subsidiaire, non-obligatoire et juste pour déconner : l'accroche sur le site du film (le compte-à-rebours) me rappelle furieusement celle utilisé pour le lancement de Aliens Vs Predator 2 ; un clin d'oeil ???

En fait je n'ai pas vu le site d'Aliens VS Predator mais nous avons eu l'idée car sur la version anglaise du livre, il y a écrit au dos du livre "Population adulte: 0".

Quelques mots sur ce projet de film que l'on nomme Soda ?

Soda est l'adaptation d'une bande dessinée de Philippe Tom et Bruno Gazzotti éditée chez Dupuis qui raconte l'histoire d'un flic new yorkais qui se fait passer pour un pasteur auprès de sa mère car elle est cardiaque et qu'il n'a jamais osé lui dire qu'il était policier. Nous sommes en écriture depuis plusieurs mois et nous espérons le tourner en 2010.

 

Milles remerciements à Nicolas Bary et également à Séverine Lajarrige, attachée de presse sur le film