Un film dual. Le coeur du sujet est très clair : ce
sont ces croyances ancestrales et archaïques, censées
gouverner les peuples primitifs et les protéger : des
pierres de lois rigides et forcément figées, un
grand prêtre unique pour les faire appliquer, de la science
pour le moins approximative (le lever du soleil, la naissance
de la civilisation Yéti, la terre d'en bas...). Les Yétis
représentent l'archétype d'un vieux monde obtus,
prêt à souffrir -littéralement- pour défendre
ses valeurs. On peut évidemment y voir une espèce
de critique des religions animistes (quasiment disparues aujourd'hui...),
engendrant des sociétés renfermées sur
elles-mêmes, refusant la réflexion et s'effrayant
de toute curiosité, s'appropriant un semblant de connaissances
pour mieux gouverner, gouverner par la peur. Avec des scénaristes
comme Ficarra et Requa,
on pourrait pousser le bouchon un peu plus loin et y voir un
petit cri d'alerte, comme un remède face au retour de
croyances obscurantistes, cette tendance à vouloir revenir
en arrière dans bien des domaines... Sauf que j'ai du
mal à cerner le véritable but du film -autre que
de ne pas laisser les adultes sur le banc de touche- car si
cette société est parfaitement tangible, elle
reste très difficilement transposable à quelque
chose de concret, de contemporain. Dans tous les cas le scénario
nous incite à voir au-delà des apparences, des
a priori, des croyances premières, et à toujours
être en recherche de la la vérité cachée
derrière les évidences.
Mais c'est également un film qui aborde d'autres thématiques
: la transmission filiale (très léger de ce côté)
et surtout un constat simple : l'espèce humaine est suffisament
dominante pour vouloir, à travers son histoire, éradiquer
ces "autres" qu'elle ne comprend pas et dont elle
a peur.
Ca reste une oeuvre duale car, estampillée "grand
public", le cartoon nous propose des chansons assez barbantes
(peut-être à écouter en V.O.), des yétis
proprement hideux, et un côté humain des personnages
qui s'avèrent péniblement anthropomorphiques (le
journaliste est toutefois intéressant) ; oubliant parfois
sa raison d'être scénaristique.
NOTE : 12 / 20