D'après H. G. Wells. Ce qui vous fera tout d'abord vibrer dans ce film sera sans nul doute la réalisation absolument magnifique -dans un précieux écrin noir et blanc-, brillante comme celle d'un Lang et d'une modernité surprenante. Et puis les effets, des décors aux maquettes, sont à tout bout de champ étonnants, nous évoquant sur certains plan le fameux Metropolis. C'est ensuite une oeuvre visionnaire (qui prévoyait une Grande Guerre, des chamboulements sociaux et technologiques très réalistes), une superproduction apocalyptique datant de 1936, une oeuvre soignée, jamais idiote et franchement engagée (pacifiste dans sa démonstration de la bêtise de la guerre, le retour à une société archaïque). Voici donc une chronique historico-fictionnelle se déroulant sur un siècle, une réflexion extrêmement juste et certainement pas manichéenne sur le progrès, ses côtés à la fois positifs (pour l'évolution de la société) et négatifs (le progrès c'est également le progrès des armements), l'avion et les engins spaciaux (missiles) représentant ici le symbole du modernisme guerrier (que les sociétés cesseront de fabriquer après la guerre, engins qui seront vus comme sources du mal jusqu'à la construction d'une "inofensive" fusée pour voyager dans l'espace...). On sent de la part de l'auteur autant de fascination pour la technologie que de peur. Et puis c'est une oeuvre à la scénarisation original, sans véritable héros, se déroulant sur une très longue période et se permettant de long moment musicaux, moments où le temps passe et la société évolue devant nos yeux ébahis. Puissant, jamais niais ou ridicule (un rien désuet pour ce qui concerne les costumes) et éblouissant visuellement !