Attention, ceci n'est pas une histoire de vampires.
Mais plutôt un film sur la perte de l'innocence, sur ce
difficile passage de l'adolescence à l'âge adulte
et la découverte de... la sexualité ! Cet adolescent
confronté à un vampire n'est autre qu'un personnage
confronté à la réalité du monde
adulte : le vampire est cet adulte qui entre en compétition
avec lui, en confrontation avec lui, plus sexué, plus
beau, plus puissant... De même la jeune fille, en entrant
dans le monde des vampires, découvre qu'elle est sexuée
et peut devenir une femme ; à son tour le jeune homme
peu ordinaire va découvrir qu'il peut être fort
et s'intégrer.
Fright night est un modèle de comédie
dramatique horrifique et adolescente, dépoussiérant
intelligemment et de façon surprenante le thème
du vampirisme tout en conservant ses codes immuables, ceux développés
par B. Stoker et une kyrielle de film du genre : depuis la petite
amie du héros qui lui rappelle sa défunte épouse
jusqu'à la transformation en inévitable chauve-souris,
en passant par la nécessité d'invitation à
rentrer dans la demeure de ses victimes, l'éternel assistant
zombie, les croix et l'eau bénite brûlantes ou
encore l'irrésistible sex appeal du monstre. A ce propos
le film ajoute à la liste de véritables subtilités,
à l'image de cette scène où la bande son
(écoutez cette séquence en fermant les yeux !!)
ne laisse absolument aucun doute quand aux intentions de son
auteur : lorsque la jeune fille se fait mordre nous assistons
à une scène de dépucelage intense et de
sexe entre une adolescente et un adulte, ce dernier profitant
assurément de la jeunesse et de la naïveté
de sa victime... Eloquent et très osé. Il y a
également une multitude d'autres petites touches personnelles
comme la notion de lumière du jour ou ce vampire qui
consomme... des fruits !
En tous les cas ce Fright night est assez puissant
pour donner quelques frissons aussi sincères qu'agréables,
des émotions profondes (le personnage de Evil Ed engendre
une immense compassion) et des sueurs érotisantes complètement
inattendues.
Le film est tout autant une subtile mise en abîme du genre
horrifique : l'interaction entre la réalité et
la fiction via Peter Vincent (dont le nom évoque "vous
savez qui") interroge le spectateur, fan de cinéma
fantastique, sur sa "croyance". Sublime et délicieusement
scénarisé.
On ne manquera pas de noter une réalisation vraiment
élégante et, surtout, une musique d'une beauté
à rendre fou : j'en reviens toujours à cette scène
de sexe vampirique où les riffs de guitare électrique
le disputent à une mélodie pop qui reste gravée
en nos mémoires. Cerise sur le gâteau : des FX
qui n'ont absolument rien perdu de leur prestance.
NOTE : 15-16 / 20