Quand "Bibo" revient dans sa patrie d'origine il
insuffle à son oeuvre les leçons techniques qu'il
a reçu aux USA (qualités graphiques et design
a priori passe-partout) et digère le tout pour en faire
un film original et propre à lui (beaucoup de style et
une réelle liberté d'expression visuelle) !
C'est tout d'abord d'une immense et même intense beauté
picturale, une somptueuse reconstitution qui ne lésine
pas sur les détails et les décors afin d'imerger
le spectateur dans ce Paris du début du 20ème
siècle ; la réalisation est métronomique
et l'ambiance assurée. Et puis il y a un vibrant hommage
au cinéma fantastique, des allusions à Méliès
et à nombre de films de genre, ces séries B où
il y avait toujours un savant fou pour créer un monstre
sans le vouloir (avec la subtilité que le savant n'y
est presque pour rien), une idée simple mais poussée
à bout afin d'être rudement efficace : entre les
B-movies des années 50, Meurtres de la rue Morgue,
la Belle et la bête et surtout le Fantôme
de l'opéra (sa tenue vestimentaire, ses chansons).
Cette fois le réalisateur / scénariste a compris
que l'intéret des chansons ne réside pas dans
les chansons elle-mêmes mais dans la façon dont
elles servent le récit - de plus ce sont de magnifiques
lyriques loin des chansonnettes pour enfants que l'on a coutume
d'entendre dans ce type de cartoon. Le scénario dans
son mélange des influences est complexe, et le nombre
de personnages qui le traverse m'en est témoin, des personnages
bien intégrés qui interragissent à merveille
et sortent un peu des schémas classique (les 2 love stories,
le monstre gentil, les humains avides).
Un mélange savoureux, exquis, bourré de clins
d'oeil séduisants et fins, un humour délicat et
une fin joliment classique, au sens noble du terme, un film
pour se faire gentillement peur. En tout les cas bien meilleur
que la plupart des cartoons des ténors américains
sortis sur nos écrans cette année : Rio,
Kung fu panda 2,
Le chat potté..etc
NOTE : 13-14 / 20