Après des prémisses inutilement sexuées
et surexposées, assez déplacées par rapport
au propos du film, on peut s'installer confortablement et se
laisser entraîner dans un voyage unique en la matière.
Mais de quoi s'agit-il ?
Under the silver lake, c'est
du pur ciné indépendant US, mais avec les formes
: à l'opposé des canons du cinéma français,
Mitchell nous propose une réalisation savante, envoûtante,
qui vous prend par la main et vous entraîne dans les dédales
méconnus d'un Los Angeles excentrique.
Tout aussi loin des standards d'Hollywood, Mitchell -le scénariste-
nous offre un univers atypique et extravagant, peuplé
de personnages déments, de visions définitivement
folles, de nombreux signes et de bizarreries, d'apparitions
étranges, d'obsessions sans doute très personnels
et dont certaines nous échapperont puisque plus proches
-à mon humble avis- du ressenti que du tangible. Un scénario
à la fois profond et imposant où se croise une
multitude de personnages fascinants et ébouriffants,
inoubliables, comme autant d'indices dans une intrigue qui se
dévoile peu à peu.
Car là-dessus se greffe plusieurs mystères : un
indiscernable tueur de chien, un écrivain de comics-maison
adepte de théories proche du complot, des disparitions
inexplicables, un groupe de musiciens mythiques, des histoires
parallèles qui viennent s'imbriquer dans le récit
; en découle une enquête en apesanteur, à
tendance conspirationniste, mais aux allures lynchiennes, fil
blanc d'une oeuvre qui tiendrait d'un épisode d'Indiana
Jones, urbain et un rien abscons, façon trip des années
70 (période qui semble plaire à cet auteur). Et
des légendes urbaines qui sont autant de symboles, de
références, dans une forêt assurément
foisonnante. Pour l'explication -il convient de voir le film
avant et avec son propre regard- j'y vois très clairement
une sorte de Ready payer one
sous acide et sans FX tapageurs, beaucoup moins consensuel sur
son sujet, une réflexion aussi intense qu'hystérique
sur la culture pop, jugée un peu vaine, creuse, et à
laquelle on tente artificiellement de donner un sens caché
; un sens tout court.
Au fait : A. Garfield y excelle et parait taillé pour
jouer dans ce type d'oeuvre.
Je reste pourtant complètement déconcerté
par ce final alambiqué : une espèce de réflexion
New age sur le consumérisme, pas assez abouti à
mon sens, et à la conclusion trop vaporeuse ; et un retour
"à la vie" et peu farfelu à mon sens.
Il y a encore une part de divin dans l'œuvre de Mitchell,
auteur à part entière qui pourrait se construire
une filmo pas si éloignée de celle d'un certain
Aronofski. Et je terminerais
par une citation de l'immense David Lynch : "Pourquoi les
gens veulent absolument que le cinéma ait un sens alors
qu'ils admettent que la vie n'en ait aucun". CQFD.
NOTE : 15-16 / 20