La
traversée |
(13-14) |
Excellente surprise qui n'a apparemment pas plu à
l'intelligentsia parisienne : comme si un film fantastique français
ne pouvait en aucun cas être bon... A moins qu'ils ne se soit trompés
sur la véritable nature de l'oeuvre ? Car La traversée nous
embraque rapidement : musique ample et majestueuse, un M. Youn qui se
métamorphose complètement, sobrement et avec justesse, images
léchées, le tout sur un sujet que l'on pourrait croire de
prime abord classique (la disparition d'un enfant : Gone baby
gone ou L'échange) : mais de classique
le film n'en a que les apparences. Car le sujet est traité d'une
façon original, fouillée, le mystère s'épaississant
au moment où d'autres films sur le même thème arriveraient
à leur conclusion, un personnage torturé s'ajoutant à
l'intrigue, d'autres "disparaissant" et le scénario rebondit
à merveille afin d'exciter au maximum la curiosité des spectateurs,
et ce avant le twist final ; même si le film se distille un peu
au cours de sa deuxième partie. C'est une oeuvre solide, pensée
dans les moindres détails, et pourtant on a peur d'être déçu,
au fur et à mesure que la lumière se fait, par les explications
: car on les attend ces explications ! Et bien rassurez-vous : passé
une rapide impression de déjà-vu (je ne dirais pas ici auxquelles
des 2 films La traversée fait penser...) le scénario
glisse adroitement sur le côté et sera bien vite contre-balancé
par une petite astuce durant les 10 dernières et brillantes minutes,
final totalement convaincant et logique pour ma part (même si les
plus malins ont compris un peu avant la fin le "truc" : l'explication
complète reste fine et fait que le film tire largement son épingle
du jeu) ; on aurait presque envie, grâce aux flash-back, de revoir
l'oeuvre avec ce nouveau regard. Car nos convictions, non pas sur le sujet
lui-même -et c'est là toute la force du film et sans doute
l'erreur d'interprétation faite par les critiques- mais sur le
rôle des personnages et surtout sur nos a priori vis à vis
de ces derniers, seront irrémédiablement bouleversées,
de la même façon que l'a souvent fait Brian
Synger ; et c'est là que réside la force, l'intelligence
et la véritable originalité du film, plus que dans le twist
lui-même. Sans en omettre le thème fondamental : accepter
la réalité. Enfin le réalisateur possède la
complète maitrise du matériau, communiquant son plaisir
à filmer et nous impliquant totalement dans le film (multiplication
des symboles, utilisation des éléments, recherche visuelle...)
; n'y aurait-il pas un hommage à Shining
à la fin ? La boucle est bouclée : excellente surprise. |
La critique des internautes |
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