Le plus grand film de son auteur. Le climat est particulièrement
impressionnant, comme si les neiges glaciales, les décors
immaculés et tempétueux, rendaient le spectateur
plus propice aux frissons, à la tension ; à ce
niveau Carpenter a réussi son boulot de metteur en scène
à la perfection, sa caméra est hautement expressive
et se glisse insidieusement dans les décors claustrophobiques,
les recoins sombres et inquiétants. Car The thing
est avant toutes choses un pur bonheur pour les yeux
: j'en veux pour preuve les inoubliables FX se cachant derrière
n’importe lequel de ses visages d’acteurs -la frousse
qui en découle est inimitable-, véritable festival
de créativité tout azimuth. A l'époque
des plus grandes stars des effets mécaniques, au sein
de l'une des œuvres les plus emblématiques en ayant
usé, et surtout grâce à l'un de ses meilleurs
représentants : Rob Bottin. Même si le scénario
est vieux comme le cinéma (c’est un remake) et
qu’il fera encore de nombreux petits, plus ou moins bons,
la variation est plus qu’appréciable : car le film
évoque ce qui fait frémir l'humanité depuis
toujours... l'indicible, l'inconnu, cette créature invisible,
cette chose polymorphe qui peut "infecter" chacun
d'entre nous, les bons comme les mauvais, et par conséquent
être présent à peu près partout ;
cette chose n'est autre que la représentation ultime
du Mal (il s'agissait du communisme pour les auteurs de La
chose d'un autre monde), la représentation du Diable,
ce qui peut conduire l'humanité à sa perte. Puisqu'ici
le Mal est plus fort que l'Homme et que celui-ci n'est même
pas conscient d'être corrompu par lui. Toute l'intelligence
de ce remake est d'avoir déshumanisé la créature
de l'espace, évitant tout anthropomorphisme déplacé,
n'ayant même pas d'apparence propre. La musique omniprésente
de E. Morricone -quand elle s'arrête, c'est le vent qui
enchaîne...- finit de nous happer... Le héros badass
formidablement interprété par K. Russell porte
lui aussi un scénario qui vous tire par le bout du nez.
L'archétype du B-movie des années 80 : s'appropriant
avec intelligence un trame basique.
Flippant, totalement maîtrisé et au final bluffant
de simplicité.
NOTE : 17-18 / 20