Après le surprenant et fort sympathique Animaux
et Cie, l'animation allemande marque encore des points avec
ce Tarzan joliment malmené. Car l'un des points fort
du film se trouve derrière la caméra : la réalisation
y est particulièrement étudiée pour faire
de ce cartoon une oeuvre immersive, très travaillée,
employant la technologie pour le plaisir des yeux et des cinéphiles.
La première impression n'est pas forcément la
bonne : pourtant il se dégage de ces images un je-ne-sais-quoi
d'imparfait, un rien "mécanique" (accentué,
il est vrai, par certains mouvements de poils simiesques un
rien exagérés) ; un peu comme s'il existait une
dichotomie entre le graphisme cartoonesque des visages et l'animation
des corps virtuels obtenus par motion capture, très humaine
et assez parfaite. Pourtant les yeux vont s'habituer à
ce spectacle et la beauté singulière des images
prendra le dessus. Devant la caméra, par contre, les
auteurs risquent de se heurter à une véritable
levée de boucliers (je suis le premier à m'insurger
contre la trahison des classiques... encore faut-il définir
film par film le terme de "trahison") : si le mythe
prend un sacré coup de jeune -de toutes évidences
autorisé par les ayants droits- il fallait quand même
oser transformer une oeuvre naturaliste en... film de science-fiction
!!! Très irrespectueux dans les grandes lignes (mais
faut-il rappeller que le Tarzan de Burrough parle très
bien anglais...), finalement le message du film reste le même
(La nature primaire et sauvage Vs le monde moderne et civilisé)
et ce tour de passe-passe assez grossier et peu judicieux permet
aux spectateurs de faire montre d'intéret pour le récit
dans la mesure où chacun connaît parfaitement l'histoire
originelle, celle que le cinéma nous a narré dans
plusieurs petits chef-d'oeuvres. Un bon film d'animation, plus
adulte, loin d'être laid, très méritoire
sans être totalement réussi technologiquement parlant,
mais on se laisse porter par le talent, l'ambition et l'audace
de l'oeuvre, peut-être un peu trop imaginative mais dont
le précepte fantastique s'avère être fort,
gardant une certaine part de mystère -telle une Atlantide
minérale- qui ne peut qu'enchanter. R. Klooss : à
suivre !
NOTE : 12 / 20