La recette du plaisir ?
Ayant les mains libre et carte blanche de la part de la Warner,
James Gunn a décidé de se pencher sur ses premiers
amours pour nous offir un film de super-héros badass,
gorissime et sans limite, musical, décomplexé,
drôle et bourrée d'idées : voici un métrage
qui respire la liberté artistique ! Jouissif. Amoral.
Vulgaire et jamais lisse, ni consensuel, pas plus que politiquement
correct. Même si nous avons conscience de ne pas assister
au film de l'année, n'étant pas pleinement réussi,
au moins l'auteur tente-t-il des choses, se lâche-t-il,
osant même une certaine poésie visuelle qui a grandement
tendance à fonctionner.
On sent ce plaisir jusque derrière la caméra :
bien que, finalement, dans un tout autre registre, on le sent
loin d'une certaine idée de la mise en scène,
beaucoup plus imaginative (le long reflet dans le casque du
Peacemaker), personnelle et relâchée que chez ses
confrères de Marvel. Il y a même un gros effort
sur le montage qui n'est pas pour me déplaire : un clin
d'oeil au massacre organisé par la Warner sur le 1er
film ??
Cependant les prémisses laissaient imaginer un scénario
beaucoup plus malin, plus tordu, plus rebondissant ; avec cette
team aux pouvoirs pour le moins originaux, ces combats possédant
une certaine fraîcheur inégalés, notamment
lors de la lutte d'ego entre Bloodsport et Peacemaker. Mais
dans les faits les "vrais" méchants cherchent
une nouvelle fois à dominer le monde, les "faux"
bad guys vont les stopper, c'est limpide, et si l'arc Harley
relève un temps le niveau, jamais de quoi s'emballer
réellement dans le fond. Tout juste ressentir une oeuvre
moins rectiligne et manichéenne que dans ce type de cinéma.
Ça reste assez léger et didactique, notamment
au niveau de la personnalité de ces anti-héros,
dont certains resteront en retrait ; on regrettera, bien que
l'histoire ne soit pas tendre avec ses protagonistes, de pouvoir
aisément deviner qui sortira vivant de ces aventures
à la toute fin.
On appréciera, enfin, le clin d'œil à Corto
Maltese, la séquence pré-générique
complètement décalée ; et le plaisir est
bel et bien là, le jeu de massacre s'avère être
un vrai régal et les délires visuelles -big méchant
flashy compris- nous tape dans l'oeil.
Du cinéma-plaisir.
NOTE : 13-14 / 20