Starship troopers se déroule sur une
Terre futuriste où la différence entre civils
et citoyens est aussi nette que dans une société
de castes, au sein d'une époque qui n'est pas sans rappeler
une certaine ère post-Vietnam, ambiance "fleur au
fusil" ; tout cela accolé à un college movie
boosté, avec des héros au physique Barbie / Ken,
très désincarnés, dans film de SF qui se
transforme en film de guerre dans les règles (entraînement,
punition, combats sur le terrain, morts...). Le côté
"sitcom" du début servant à trancher
avec la puissance provocatrice de la suite et laisser le film
prendre son envol.
Avouons que dans un premier temps Starship troopers
est un défouloir à 105 M$, ne lésinant
pas sur les gros plans à base de têtes fracassées,
cervelles aspirées, décapitations dans les règles,
allant jusqu'à montrer avec insistance des charniers
humains… fallait oser. Par contre, que nous reste-t-il
une fois le générique de fin posé ? Une
oeuvre qui oscille à tout va : depuis son scénario
un rien bordélique (les inserts TV pas toujours bien
à propos), à la violence jamais retenue, au ton
volontairement ambigu, profitant d'une menace ignoble, d'ennemis
puissants pour se lâcher. Mais difficile de soulever une
quelconque indignation (celle du roman d'origine ?) devant un
film qui reste émotivement rigide ; on se trouve dans
le même état d'esprit face à ces morts demeurant
de la chair à canon anonyme pour beaucoup, y compris
face au massacre de la population humaine. Malgré de
belles références (les films de guerre, Alamo,
Full metal jacket), Starship troopers
se contente d’action proprement époustouflante
au détriment d'une critique construite, ici un peu fraîche,
assez gauche, chiquée.
Sa seule et unique ambiguité résidant à
priori dans cette vision d'une guerre bonne puisque nécessaire,
et dans ce qui gravite autour (propagande, armée, médias),
respirant l’absurdité. On attendait cependant un
Verhoeven plus aggressif envers tous ces héros de pacotille,
un scénar plus solide… A demi-déçu
on retiendra quelques scènes superbes ("Elle m’a
tout donné"), parfois grinçantes et qui montrent
ce que le film aurait pu être, autre chose qu’une
excitante boucherie, un festival gore sans limite, jouissif
au possible (Carmen transpercée de part en part s'enfuit
en shootant des aliens au fusil mitrailleur !!). Bien aidée
de SPFX remarquables
NOTE : 13-14 / 20