Sourire ?
Quelques images, une scène probante et nous voilà
embarqué : une bande-son et musicale atypique et stridente
comme une craie crissant sur un tableau noir, un réalisateur
qui pousse ses images jusqu'au bout de leur logique et se fait
plaisir, un sujet qui nous laisse avec plein de questionnements
à l'esprit. Le cinéma horrifique ne parle pas
assez de psychiatrie.
Une simple apparition souriante ? La force de frappe de Smile,
ainsi que son succès amplement mérité,
est de ne pas innover pour innover, créer un concept
pour jouer avec, seulement en surface. Et grâce à
cela le film n'a pas son pareil pour distiller l'angoisse et
transformer le quotidien de notre héroïne en cauchemar
tangible. Et il bénéficie de son style particulier
et de son atmosphère propre, d'un bel équilibre
scénaristique également.
Smile est une oeuvre prenante qui génère
une toute nouvelle mythologie, loin du slasher à base
de croque-mitaine miteux, loin de cette vulgaire mode du film
de démons aux scénarios passés à
la photocopieuse, le film insère une mécanique
nouvelle, bénéficiant tout autant du prodigieux
travail de sa comédienne principale. Même si on
retombe forcément sur nos pieds à de multiples
reprises (les dessins, le chat disparu, la malédiction
qui se transmet, l'enquête...), le film marque un point
essentiel : il se refuse à toutes explications trop poussives,
reste évasif et laisse le spectateur s'approprier son
concept. Il se trouve ainsi une véritable raison d'être,
un valeur psychologique vitale : car selon moi, le véritable
méchant du film n'est autre que le traumatisme en lui-même
; tous les traumatismes.
On a déjà peur que la suite ne fasse table rase
de tout ceci et se vautre dans des explications abracadabrantesques...
NOTE : 15-16 / 20