Une famille déménage afin d'oublier son abominable
et mystérieux passé... On est bien vite pris dans
les mailles des filets de cette intrigue : par la grâce
d'un réalisateur qui parvient à créer une
atmosphère épaisse, savamment dosée, dans
un exercice d'équilibre exemplaire ; de ce fait l'intrigue
nous émoustille à juste titre (et on est pourtant
loin du compte !), la musique nous porte merveilleusement, et
le fantôme invisible nous happe comme dans ces bonnes
vieilles histoires.
Même si l'histoire s'étire un peu trop de par ses
intrigues secondaires, s'enlise à trop atermoyer, à
faire mine de rentrer dans les clous et à couper à
certaines promesses. Le scénario nous laisse trop le
temps de réfléchir et cela finit par amoindrir
l'émotion ; pas la surprise : mais on mettra un peu de
temps à s'en rendre compte. Par contre le personnage
de l'avocat est vraiment caricatural et pas loin d'être
inutile : il suffit de voir la manière dont il prend
connaissance de l'argent disparu au moment même où
il en a besoin.
Le film joue divinement bien avec une certaine forme de réalisme
dramatico-fantastique, croisement de genres où le cinéma
espagnol excelle ; entre le drame familial et l'épouvante,
ce dernier mettant en valeur le premier. D'ailleurs, lorsqu'il
s'agit de faire peur, le film est une franche réussite
et la dernière partie est vraiment brillante grâce
à son twist -même si une mauvaise scène
vient la perturber (le retour impromptu mal orchestré)
de même qu'une écriture un peu brouillonne. Certes
: ces Marrowbone ne sont pas toujours un modèle
de scénarisation, et c'est sans doute pour cette raison
que le film nous laisse un arrière-goût amer :
il aurait très bien pu devenir le 6eme
sens des années 2010, mâtiné
d'un terrifiant film d'épouvante que l'on aurait souhaité
plus oppressant, puisqu'il en avait vraiment les moyens. Mais
c'est une œuvre intelligente ou chaque son prend du sens,
chaque symbole également. Et qui mérite amplement
une seconde vision avertie.
NOTE : 13-14 / 20