Façon R. Laloux (sachant
que le film est sorti en 1984 au Japon)... Venez vous immerger
dans un monde totalement imaginaire ou chaque image, chaque
plante, insecte ou animal, engin ou paysage ou costume, légende
ou phénomène naturel est une surprise, un parfait
enchantement visuel et imaginatif.
Le maître-mot : l'magination. Celle qui donne le vertige
: visuellement d'une richesse infinie (même dans le graphisme
: à l'image des images du passé de la planète)
et ses créatures mirifiques et de ses formidables engins
volants. Avec une mythologie vivace qui donne toute sa saveur
et son réalisme diégitique à l'œuvre.
Nausicaa s'approche ainsi du divin. Et l'on
y retrouve toujours dans ce style un agréable mélange
passé / présent : le futur sera composé
de moulins à vent, de costumes et d'habitats moyenâgeux,
semble nous prévenir Miyazaki. Effectivement, le film
possède déjà des prétentions environnementales
: ces peuples de demain qui paient les conséquences des
erreurs passées : la forêt toxique étouffant
la Terre, laissant croître et perdurer des monstruosités
insectoïdes, nouveaux maîtres des lieux. Et des hommes
condamnés à se faire la guerre, divisés,
divisés en peuples, ne comprenant rien à rien,
condamnés à reproduire éternellement les
mêmes aberrations...
Cependant Nausicaä est bel et bien ancré
dans la culture nipponne (en témoigne la tenue très
suggestive de Nausicaä...) et ses préoccupations
: c'est une fable écologiste (la fillette sachant communiquer
avec les animaux, le poison de la forêt se présentant
comme polution ultime) assez proche thématiquement d'oeuvres
majeures telle que "Le seigneur des anneaux" : on
reconnaîtrait presque un erzat de Hobbitbourg, les divers
mondes à la manière de ceux de la Terre du Milieu
et même Yupa en pendant de Gandalf... Une aventure mi
héroic fantasy, mi science-fictionnelle, absolument passionnante,
adulte et complexe, mature et jamais manichéenne (le
mal qui ronge la forêt n'est pas celui que l'on croit),
doté d'une musique brillante à laquelle a été
apportée un soin tout particulier. Dépaysant et
intelligent.
Je plonge encore dans ce film comme dans un rêve éveillé,
étourdissant de beauté, vivant, un monde, que
dis-je, un univers qui ne s'arrête pas aux simples images
qui nous sont données en pâture : un film qui fait
appel à notre imaginaire et nous suggère plus
qu'il ne se dévoile. Autre caractéristique du
cinéma de miyazaki : les femmes sont au cœur du
combat, digne héroïnes de l'aventure.
NOTE : 17-18 / 20