L'auteur de Lobster nous revient
avec une oeuvre à son image : unique. Appuyée
par une réalisation extrêmement précise,
très ample, ou les personnages sont souvent noyés
dans de très grands espaces (hospitaliers) comme pour
signifier à quel point ils ne sont que bien peu de choses
et que leur destin leur échappe. Soulignée par
une musique stridente et oppressante, des dialogues au couperet,
secs et précis : un film pour décrire la vie d'un
couple de médecin et l'amitié d'un jeune avec
cette famille. C'est au final un thriller parfaitement perché
: il suffit pour s'en convaincre d'écouter attentivement
les dialogues précédemment évoqués,
tournant parfois autour des poils ou de la masturbation, les
réflexions étranges qui s'en viennent souvent
nous décontenancer, et tant de situations incongrues
et difficilement descriptibles. L'oeuvre se meut en thriller
piquant lorsque le-dit adolescent se découvre au spectateur,
son passé notamment, celui-ci s'imposant à la
famille et devenant menaçant et choquant. Naviguant sans
cesse sur un drôle de terrain, où le fantastique
est en filligramme, La mise à mort du cerf sacré
s'empare d'un sujet on ne peut plus classique, celui
du vengeur fou, du psychokiller, mais s'autorise à le
traiter de manière totalement surréaliste ; mais
le film reste beaucoup plus abordable que "Lobster",
à mon sens . Oeuvre artistique complètement barrée,
impudique, profondément mystérieuse, le scénario
traite de façon percutante de la relation au père
et du sentiment de culpabilité. Les tenants et les aboutissants
se révèlent petit à petit, le tueur devenant
alors "symbolico-métaphorique" (pour reprendre
les termes du film), tuant sans armes et appliquant son oeuvre
avec le principe sacré de "oeil pour oeil".
Farrell, Kidman et les jeunes acteurs y sont impeccables ; Barry
Keoghan y est superbement et naturellement glacial. La fin y
est complètement tarée, déstabilisante.
NOTE : 12 / 20