Quelques minutes d'enchantement visuel, d'un royaume sans roi
où "la confiance est guide" et d'amour inter-ethnique
: les prémisses d'un bon film ? C'est un festival d'effets
spéciaux pas toujours savamment dosés, des décors
de rêve et des costumes, mais "Maléfique"
est avant tout une oeuvre brillante qui prend la légende
et le conte à contre-sens et le spectateur à contre-pied
avec beaucoup de délectation. C'est un conte plein de
trouvailles qui réinvente intelligemment un récit
connu de tous, estompant délicatement la frontière
entre le Bien et le Mal, développant le thème
infini de la vengeance et faisant de l'immonde sorcière
originelle un "Dark Vador" au féminin : le
film lui insuffle les raisons de devenir ce qu'elle est, justifiant
pour ainsi dire sa haine et lui donnant une forte empathie en
gardant toujours précieusement de côté sa
part d'humanité généreuse (puisque mère
par procuration) ; humain puisqu'à même de se venger
odieusement plutôt que pardonner et vivre selon les rites
de son royaume idyllique. Le côté "humain"
représentant pour beaucoup le mal. Finalement c'est la
double histoire de personnages sombrant dans la haine car tourmentés
par l'amour : celui de l'être aimé, du pouvoir
et d'un jeune être humain. Voilà une nouvelle façon
ambitieuse d'approcher l'histoire d'origine, totalement réussie
et même brillante (le baiser d'amour véritable).
Mais la réalisation n'est pas franchement à la
hauteur des ambitions du scénario et la fin se fond à
nouveau dans le domaine du connu sans avoir cette audace du
début : ce qui nous laisse sur une impression beaucoup
moins glorieuse.
NOTE : 13-14 / 20