Disons-le tout de go : je suis fan de Machete et de films d'exploitation,
ils me ramènent tout deux à mon adolescence, à
une époque où l'on pouvait encore voir les têtes
se faire coupées en 2 dans un vulgaire téléfilm
! Alors oui : ce "Machete" est moins performant que
l'original ; où plutôt il est performant sur un
autre niveau, plus flou, plus con, plus décalé,
beaucoup plus bordélique, un brin futuriste voir "James
Bondien en herbe". Si le trailer du début, explicitant
la fin du film, n'est qu'une semi-réussite, qu'importe
: nous revoilà plongé dans les 70's (voir une
partie des 80's), reprenant le second degré, le sexisme
assumé, le racisme officiel, les fusillades obèses,
la caricature à l'extrême et le style forcé
du premier tome. Et ce n'est pas pour me déplaire : sauf
que cette fois il va falloir s'accrocher à un sujet totalement
barré, volontairement décalé, rocambolesque
et sublimement crétinoïde, sur des airs de musique
funky, de vulgarité, de violence sans gêne, goresque
et jusqu'au-boutiste et d'une inventivité sans cesse
renouvelée dans les mises à mort (parce que l'on
regarde ce genre de film pour cela, non ?). Alors oui : c'est
une fabuleuse et joyeuse cacophonie scénaristique -mais
l'histoire a le mérite d'être ce qu'elle est :
fun et rebondissante, même dans l'excessivité-
et risque de devenir un véritable tord-boyaux pour nombre
de spectateurs dont les clins d'oeil tarantinesques non plus
à des films (reste les références un rien
barge à Star wars) mais à des styles, parfois
mêmes de croustillants défauts d'une autre époque,
risque de laisser sur le carreau, l'histoire étant totalement
ubuesque et risquant d'en gaver plus d'un dans son exercice
volontaire de la médiocrité, parfois agaçant,
lassant. Trejo et son monolithisme aussi. A chacun d'estimer
si l'hommage n'est pas trop appuyé... Mais pour moi il
est dur de ne pas résister aux dialogues en forme de
bons mots (concentrés sur la fin : le début n'étant
pas d'une franche réussite), à cette graine de
folie, ses idées en tout genre, sauvages et truculentes
(la foultitude de personnages, du génial Caméléon,
aux clones en passant par la pute aux seins mortels ; le coeur
explosif, un Gibson qui s'adonne joyeusement à la méchanceté,
le coup de la "double peine"...etc). Machete kills
est un festin où l'on dévore le dessert en même
temps que les entrées, où l'on s'essuie la bouche
sur les rideaux, où l'on rôte et pète :
une fois de temps en temps il est bon de libérer de son
carcan ce foutu instinct et d'ouvrir les vannes de la folie.
Et Rodriguez est en train de créer une espèce
de mythologie assez intéressante, élevé
au rang de "culte", où le Z est roi ; par contre
sa réalisation est un peu plus molle, non ? Vivement
le 3ème !!!!
NOTE : 12 / 20