Dans le futur les voyages temporels auront été
inventés mais seront prohibés... pourtant certaines
organisations criminelles les emploieront pour se débarasser
des corps de leurs victimes. Mais ça, c'est demain. Visuellement
on pourrait croire que l'auteur, du haut de son trop modeste
budget, ne fait aucun effort : en fait il nous livre un futur
immédiat, très proche de notre réalité,
post-crise, crade, pauvre et kamé. Le scénario
possède cet avantage d'être extrêmement original
et de nous intriguer dès les premières images
: entre série B à l'idée fumeuse et film
d'auteur à l'histoire ambitieuse ? Et bien nous ne seront
pas au bout de nos surprises puisque l'oeuvre s'avère
être un mixe bienheureux et parfait entre les deux, un
film à la fois maitrisé et bluffant qui fait d'un
sujet secondaire l'un des sujets principaux du film au travers
d'un scénario jouant à merveille des paradoxes
temporels et des futurs alternatifs façon "Terminator".
Une oeuvre complexe mais jamais compliqué, sineuse et
toujours plus fascinante à mesure que l'histoire se trame,
qui pose des questions en première partie pour mieux
nous prendre à son jeu, osant même développer
une intrigue salivante dans sa seconde moitié ainsi qu'un
côté émotionnel essentiel. Un film brillant
à tout point de vue : la diversité des personnages,
l'agencement de l'histoire, la réalisation censée,
significative et relativement discrète pour ne pas dire
fine, un J. G. Levitt bluffant dans son rôle de jeune
"Bruce" et un B. Willis au rôle exceptionnel,
joliment ambigu et touchant. Looper n'est pas un film hollywoodien
commun, sa scénarisation est atypique, au-delà
de son originalité première, c'est une oeuvre
ambitieuse et d'une logique implacable.
NOTE : 15-16 / 20