Livide

Le meilleur du cinéma de genre français, par le duo qui nous a déjà donné le très bon "A l'intérieur". Une musique exceptionnelle aide le décor à se planter, décor façon "Hammer film" : ambiance, personnes barrés, héroïne innocente, sadisme, vieux rade et mystère sous-jacent à l'appui. Ca sent à plein nez le (très) bon vieux film d'épouvante à l'anglaise et à l'ancienne, avec ses fantômes tous azimuth, ses décors gothiques, ses moments joyeusement gore, ses nuits brumeuses et ses promesses. Un cambriolage qui tourne au film d'atmosphère, très bien écrit, mais dont on craint le point d'orgue, souvent décevant à ce niveau ; mais il n'en sera rien. Petits bruits anodins, petits riens, cadavres dérangeants, vieilleries, maison poussiéreuse aux propriétaires bien inoffensifs pour un piège qui va se refermer insidieusement autant qu'il va révéler sa véritable nature. Ici le frisson nait d'une maison vide -ou presque-, d'un casse sans risque, de dizaine de pièces menaçantes, de secrets bien gardés. Pas vraiment fait pour bouleverser le genre, ce film, néanmoins, le picote agréablement et lui redonne une seconde jeunesse ; c'est une oeuvre captivante de bout en bout, envoûtante dans sa façon de distiller l'effroi, cherchant sans cesse à nous surprendre, avançant à pas de loup mais ne sommeillant jamais sur l'excitation de son simple pitch, n'omettant aucun détail (la mite, par exemple...), un film torturé qui vise parfois à une véritable poésie macabre façon Emilie Dickinson, un film tout à la fois traditionnel et original. Un travail de passionnés, de fans qui vont au bout de leurs idées quitte à ne pas plaire au grand public, moins avide de grand-guignol poussiéreux que de films post-Paranormal activity. Il ne manquerait plus que Christopher Lee...