Un sacré air de "Tim Burton"... mais ce n'est
pas une copie ; ou alors le plus beau des hommages que l'on
puisse rendre à l'un des plus grands et des plus atypiques
auteurs américains. Car il est vrai que ce film transpire
l'amour du 7ème art, l'amour avec un grand "A",
l'hommage y est foisonnant : visuellement, comme on l'a dit,
il y a comme un peu d'Etrange
Noël, une fascination pour l'étrange,
la différence, mais il y a aussi beaucoup d'expressionnisme
allemand dans les décors (on y cherche même l'ombre
du Dr Caligari...), un salut à Frankenstein (de par le
thème, la coiffure de la "maman"), Pinocchio,
L'éventreur, Freaks ou G. Mélies, la partition
musicale un rien funêbre ne peut qu'évoquer à
son tour l'immense Danny Elfman et tout l'univers des contes
fantastiques y est développé. Tel que le héros
et sa différence marquée, les conditions qui vont
devoir régir sa vie, l'isolement, un monde à part,
une multitude de personnages que l'on croirait sorti d'Alice
au pays des merveilles...
Et puis cette oeuvre est un tourbillon musical, de style et
de genre, mais gardant toujours en ligne de mire son propos.
Les images sont d'une rare réussite, fascinantes, belles
à en mourir, foisonnantes à un tel point que l'on
n'a qu'une seule envie à la fin : revoir le film, venir
y chercher les détails que l'on n'a pu y voir à
la première vision. Et le scénario n'est pas en
reste, bien au contraire : l'idée est absolument grandiose,
pas très loin du génie, créative, moteur
de l'intrigue, permettant à l'histoire d'amour de prendre
une toute autre dimension ; un film à la dramaturgie
cornélienne, à la tristesse et à la beauté
nous permettant de retrouver tous ces sentiments qui vont de
pairs avec nos propres histoires d'amour... une métaphore
formidable qui nous laisse une question en suspens : l'amour
peut-il tuer ? Vaste question que nombre d'artistes se sont
déjà poser maintes et maintes fois. En tous les
cas la scène finale est insoutenable de finesse, toute
la magie du film y prend alors son véritable sens et
notre coeur n'y résistera pas ; nous avons là
un élément de réponse à la question
posée précédemment...
La réalisation y est tout autant inventive, mouvante
et fraiche. C'est une oeuvre digne de Burton : griffée,
éclatante dans la pénombre, de la pure magie,
de la belle poésie, un patchwork de couleur de son et
de paroles et un monde qui nous a définitivement envoûté.
Un enchantement à tous les niveaux !
NOTE : 17-18 / 20