Après Carpenter,
Verhoeven, voici Whanell,
que je n'attendais pas sur ce terrain, je dois bien le dire,
malgré son notable Upgrade.
Pour cette nouvelle version le réalisateur / scénariste
s'est posé une question essentielle : qu'est ce qui rend
une œuvre horrifique / fantastique imposante et universelle
? C'est son ancrage dans la réalité : dans le
cas présent il s'agit du sort d'une femme battue. Il
lui suffit de dépasser son statut de film de genre et
d'en faire... un drame ; tout en modernisant à la fois
la trame et le thème classique. L'homme invisible représentant
ici ce mari omniprésent, ce danger qui n'a de cesse d'exister,
même après l'éloignement de la victime,
qui a pourtant eu le courage de fuir. Invisible man
réussit à être une brûlante
métaphore de la peur, du poids des menaces et de l'empreinte
du traumatisme. Le film évoque même certaines interrogations
essentielles liées à ce type de violence : les
questionnements, l'isolement, la victimisation, voir le viol.
Au-delà de ça le scénario est malin et
tout à la fois captivant : arguant d'un double mystère
-la mort suspicieuse et l'improbable invisibilité-, et
se révélant dans un final à twist, jusqu'au
boutiste.
On retrouve une E. Mosley, après l'extraordinaire "The
handmail tales", continuant d'explorer le féminisme
et surtout la condition des femmes. Et à ce jeu elle
vaut aisément 10 René Zellwegger !
Autre point positif non négligeable : Leigh Whannell
laisse une empreinte marquante et remarquable sur son œuvre
: cette façon de laisser les personnages sortir du cadre,
d'explorer les espaces vides et de générer ainsi
de la tension. Il joue parfaitement au jeu de l'indicible peur
et on s'y prend avec délectation : et comme dans tout
grand film, on y trouve de grandes scènes (celle inoubliable
du resto, l'hôpital psy)
Le film se targue d'un message clair aux femmes victimes de
violence -réaliste, positif et exutoire : Fuyez !
Cerise sur le gâteau : Invisible man
ose même un clin d'oeil à son illustre modèle
!
NOTE : 15-16 / 20