The
human centipede |
Détails du film sur InCiné |
Tom SIX |
(12) |
L'idée la plus tordue et la plus osée
du 7ème art : où comment regarder un bon film, techniquement
parlant, et se sentir franchement mal à l'aise devant ce spectacle
révulsant... Car à force d'en parler, je suppose qu'il fallait
bien que je le voie ; pourquoi ? Pour voir de visu si l'on avait vraiment
tout vu en terme de film d'horreur ? Si cette abomination tenait la route
? Si ce n'était pas, finallement et comme le début le laisse
entendre, qu'un survival poussant le bouchon le plus loin possible pour
palier au manque de moyen et de génie de son auteur ? Mais je connaissais
déjà une partie des réponses... Et bien non : ce
n'est pas un sous-produit Z mal ficelé ; Six sait très bien
créer une atmosphère digne de ce nom, gère très
bien son suspens jusqu'à l'étonnement absolu, faisant par
là même rebondir son film comme il faut ; il sait donc écrire
une histoire qui surprend autant qu'elle met réellement mal à
l'aise. Ses personnages ne sont en rien les crétins habituels du
cinéma de genre et le monsieur renouvèle effectivement tous
le registre du slasher movie et crée un nouveau docteur fou dans
la mythologie du cinéma (mention spéciale à l'acteur
qui cabotine à merveille). Impossible de ne pas penser au B.
Yuzna de ses débuts et en particulier avec Society
(pour le méli-mélo humain), Le
dentiste ou Re-animator (pour le
savant qui explore les corps humains); en plus cru, en beaucoup plus cruel,
plus violent, plus contemplatif et plus chirurgical. De l'horreur charnelle,
abjecte, gratuite -ou presque-, apolitique et non réflexive ; ce
"savant" est-il un monstre, un artiste, un chirurgien de génie,
un fou ou un Dieu comme ses victimes le suggèrent ? Aucune explication
possible si ce n'est celles que nous dicte notre conscience, pas de logique
et c'est sans doute pour celà que ce film est incompris : il explore
la folie de façon médicale et descriptive. Mais le plus
génant reste ces fameuses victimes : jamais thriller ne nous a
fait ressentir l'emprise dont font preuve ses cobayes vivants qui paraissent
voué à la mort, sans solution possible dans la mesure où
ils n'ont plus rien d'humain, désespérés à
en crever. Une oeuvre poussive mais très cinématographique,
excessive, déviante, dérangeante, difficile et extrême
qui ne pouvait que déchainer des passions contraires. A noter que
le final est absolument démentiel, incroyable et d'une cruauté
rare... inoubliable en fait. |