L'homme
qui rétrécit |
(17-18) |
Une pure merveille pour les yeux, l’intelligence
et l’imaginaire, un plaisir, une incessante découverte en
de rares points égalées. Penchons-nous tout d'abord sur
ce scénario sans faille, sans artifice, qui prône la sensibilité,
la psychologie, la science et la crédibilité. Une écriture
irréprochable et propre au génie de Matheson, toujours aussi
excitante même après moult visionnages. Et si ce scénario
est si solide c'est pour de multiples raisons : premièrement vécu
comme une maladie mystérieuse et issu de la bêtise humaine,
il est déjà ancré dans une logique écologiste
et avant-gardiste. C'est ensuite une magnifique, bouleversante et surtout
tragique histoire d'amour (la scène de la bague est absolument
sublime). Le fait que les raisons réelles de ce rétrécissement
reste à jamais floues ajoutent à la profondeur du propos
: l'homme se prenant encore pour Dieu, avec ses expériences et
produits dont il ne mesure jamais les conséquences à long
terme. Il y a enfin des dialogues et de nombreuses scènes particulièrement
marquantes qui laissent loin de ce film tout parenté avec une quelconque
série B : du fameux "Je suis plus célèbre qu'un
grand homme" en passant par de saisissantes réflexions en
voix off, des retentissements psychologues consécutifs son état
de "sous-homme" jusqu'à une réflexion sur la place
de l'Homme sur notre planète (voir la scène avec l'oiseau
et l'homme... homme en cage ; homme chassé comme un animal). La
réalisation m'avait parut assez raide autrefois : aujourd'hui je
me rend compte combien elle est maligne (voir les scènes où
l'on découvre les différentes tailles du héros).
Il y a enfin ces FX démesurés et mesurés à l'aune de leur époque, faisant encore (presque) joliment illusion (le charme de la tireuse optique) ; aussi grandioses que ceux du nullissime « Chérie… ». Tout est là pour toucher l'intérêt de quiconque se plonge dans cet univers, bien au-delà du visuel, à travers de pénétrantes réflexions métaphysiques. Une œuvre, un conte FANTASTIQUE, réellement effrayant, subjectif, qui posssède une âme, un corps et surtout un cerveau. Véritable "survival" au suspens parfaitement maîtrisé, un rien poétique, avec un montage parallèle vraiment efficace et augmentant de beaucoup la sensibilité de l'histoire C'est toujours avec le même émerveillement que je revois ce film absolument magique et brillant. Et la fin, loin de tout esprit d'happy ending, profondément philosophique et ouverte, fait basculer le film parmi les petits chefs d'oeuvre du 7eme art |