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L'homme qui rétrécit

Jack ARNOLD
(17-18)

Une pure merveille pour les yeux, l’intelligence et l’imaginaire, un plaisir, une incessante découverte en de rares points égalées. Penchons-nous tout d'abord sur ce scénario sans faille, sans artifice, qui prône la sensibilité, la psychologie, la science et la crédibilité. Une écriture irréprochable et propre au génie de Matheson, toujours aussi excitante même après moult visionnages. Et si ce scénario est si solide c'est pour de multiples raisons : premièrement vécu comme une maladie mystérieuse et issu de la bêtise humaine, il est déjà ancré dans une logique écologiste et avant-gardiste. C'est ensuite une magnifique, bouleversante et surtout tragique histoire d'amour (la scène de la bague est absolument sublime). Le fait que les raisons réelles de ce rétrécissement reste à jamais floues ajoutent à la profondeur du propos : l'homme se prenant encore pour Dieu, avec ses expériences et produits dont il ne mesure jamais les conséquences à long terme. Il y a enfin des dialogues et de nombreuses scènes particulièrement marquantes qui laissent loin de ce film tout parenté avec une quelconque série B : du fameux "Je suis plus célèbre qu'un grand homme" en passant par de saisissantes réflexions en voix off, des retentissements psychologues consécutifs son état de "sous-homme" jusqu'à une réflexion sur la place de l'Homme sur notre planète (voir la scène avec l'oiseau et l'homme... homme en cage ; homme chassé comme un animal). La réalisation m'avait parut assez raide autrefois : aujourd'hui je me rend compte combien elle est maligne (voir les scènes où l'on découvre les différentes tailles du héros).
Il y a enfin ces FX démesurés et mesurés à l'aune de leur époque, faisant encore (presque) joliment illusion (le charme de la tireuse optique) ; aussi grandioses que ceux du nullissime « Chérie… ». Tout est là pour toucher l'intérêt de quiconque se plonge dans cet univers, bien au-delà du visuel, à travers de pénétrantes réflexions métaphysiques. Une œuvre, un conte FANTASTIQUE, réellement effrayant, subjectif, qui posssède une âme, un corps et surtout un cerveau. Véritable "survival" au suspens parfaitement maîtrisé, un rien poétique, avec un montage parallèle vraiment efficace et augmentant de beaucoup la sensibilité de l'histoire C'est toujours avec le même émerveillement que je revois ce film absolument magique et brillant. Et la fin, loin de tout esprit d'happy ending, profondément philosophique et ouverte, fait basculer le film parmi les petits chefs d'oeuvre du 7eme art