L’artiste-cuisinier-cannibale est de retour dans un film
sadique, cruel et terriblement raffiné ; un film dur,
très dur. Aux manettes, R. Scott, voluptueux à
souhait et donc dérangeant, qui sait placer sa caméra
aux bons endroits pour créer une atmosphère implicite,
la faire bouger comme personne, là où Demme
était plus précis, plus technique et plus centré
sur Clarisse. Mais le film doit également beaucoup à
la photo, aux tonalités subtiles s’adaptant à
merveille au ton de chaque scène, ainsi qu’au décidément
génial Zimmer qui fait ici un travail en profondeur et
reste aussi omniprésent qu’Hannibal semble l’être.
Un parfait assemblage pour un film d'atmosphère. Le scénario,
enfin, nous met face à notre fascination naturelle pour
le mal, ici à l’état le plus ignoble (Hopkins
est aussi délicieux que réellement terrifiant
dans sa sobriété…), pour l'horreur (représentée
brillamment par le personnage de Oldman), il va même très
loin au fur et à mesure que l’étau se reserre
autour de Clarisse et Hannibal, tout en restant profondément
psychologique (« Le
silence… » traitait du rapport entre ces deux
personnages), et nous amène magnifiquement au concentré
d’horreur insoutenable qu’est la dernière
scène (celle du repas et/ou celle de l’enfant…),
profondément chocante et lourde de sens (Hannibal se
« sert » des autres pour les autodétruire…
pas seulement physiquement). Florence est à jamais cinématographiquement
défigurée.
NOTE : 17-18 / 20