Le petit prince d'Egypte. Une adaptation des écrits
judéo-chrétiens à la sauce païenne
: impossible de regarder ce film sans laisser de côté
un certain parti-pris, un certain savoir, voir certaines croyances
pour qui croit. A partir de là on peut dire que je n'ai
absolument pas été convaincu par le film de Scott.
Cinématographiquement parlant il s'agit effectivement
de l'oeuvre d'un réalisateur chevronné, mais sa
réalisation n'a pas l'énergie épique de
celle d'un Jackson sur ses différentes adaptations en
Terre du Milieu ; trop affairé à mettre tout en
parallèle, à filmer mollement les très
nombreux dialogues. Mais le plus grave -toutes croyances et
sciences confondues- c'est que, sous couvert de nous narrer
une histoire que l'on connait parfaitement dans ses grandes
lignes, les scénaristes ne sont pas loin de s'excuser
de nous "ennuyer encore" avec le récit de Moïse
; alors ils brodent, se réapproprient honteusement le
récit originel et offrent en pâture une relecture
hideuse et indélicate de la Bible. Passons le fait que
Moïse doute et soit parfois en désaccord avec son
créateur, on peut aisément l'imaginer au moment
de la révélation, mais que le récit soit
travesti sans autre raison que de trouver une approche originale
à tout prix... le résultat ne pouvait être
que confondant d'infidélité, pour ne pas dire
calomnieux. La voix de Dieu ne sort plus du buisson ardent,
devenu un simple faire-valoir, un artifice qui n'a presque plus
lieu d'être, mais de la bouche innocente d'un enfant (de
l'anthropomorphisme dans un récit biblique !!!) ; le
scénario se justifiera en prétendant qu'il ne
s'agit que d'un envoyé : pourtant cet "envoyé"
est bel et bien présent lorsque Moïse reçoit
des 10 commandements, dictés par Dieu... Et cette innocence
va jouer son rôle plus tard lorsque, après avoir
également malmené les fameuses "plaies d'Egypte",
cherchant de malhabiles explications à certaines d'entre
elles (et les autres ??? Le film Les
châtiments est bien plus explicite), Dieu nous est
présenté comme un vengeur assoiffé de sang
et non plus le juge céleste biblique modifiant le cour
de l'histoire afin de laisser la prophétie s'accomplir
; et le Pharaon, aussi fréquentable qu'un dictateur du
20ème siècle, semble apitoyer les scénaristes.
Si historiquement Ramsès -non cité dans la Bible-
serait bien le pharaon en question, la fausse ouverture des
eaux est également un grand moment de théâtralisation,
voir une aberration historique (le pharaon sur un champ de bataille
? C'était le rôle du général des
armées). Il restera de très belles images, des
effets saisissants, un C. Bale au sommet... mais suis-je le
seul à avoir été éprouvé
par ces dialogues presque "modernes" ??? En conclusion,
et pour vous faire comprendre la profondeur de ma déception,
il faut vous rappeler de ma critique de Iron
man 3 (tout parallèle s'arrêtant là,
bien évidemment) et de ce mépris affiché
du matériau d'origine et de la "fan base" autant
que des autres, ceux que l'on guide sur une mauvaise voie...
Le titre m'a également et peut-être induit en erreur
: j'imaginais plus aisément un film ayant pour thème
ces peuples aux dieux multiples confrontés au Dieu unique,
ces hommes élevés au statut de roi, puis de dieu...
détrônés par un Dieu plus puissant ; il
y avait matière à développer autre chose
de plus ample, de plus profond.
NOTE : 8-9 / 20