Enter
the void |
(12) |
Une nouvelle expérience signée Gaspard
Noé, c'est toujours bon à prendre lorsque l'on se dit cinéphile,
non ? Une oeuvre à moitié filmée en caméra
suggestive, caméra placée littéralement à
la place du regard du héros, étant à la fois ses
yeux et son âme. Vous allez donc pouvoir assister à un trip
en direct, voir les effets de la drogue sur l'esprit comme si vous y étiez,
une mort comme vous ne l'avez jamais vécu (au cinéma, il
s'entend !), très fortement inspirée des NDE (Expérience
de mort proche), vous allez devenir un esprit, une âme errante et
vous n'avez pas connu une telle sensation en France depuis la sortie de
Nocturne indien ! Au rythme de la vie,
au rythme de la mort, au rythme des souvenirs, l'histoire se construit,
pas bouleversante dans le fond, mais la caméra de Noé qui
reste en apesanteur semble vouloir l'élever. Sensuel, sexuel, ambigu
(le mort pouvant se mettre à la place de celui qui baise sa soeur,
certaines associations d'images assez troublantes...), sanglant sans être
dérangeant (hors mis une image, sans doute...), puissant. Comme
toujours. Le principe donne une approche vraiment fraiche, très
personnel, forcément charnelle du sujet et le scénario suit
dans toute sa "simplicité" la vie d'un dealer et de sa
soeur, go-go danseuse, au Japon, dans un long flash-back. La palette de
couleur utilisée reste la même depuis toujours (c'est-à-dire
depuis l'inestimable Carne), signature intelligible
de l'auteur, c'est encore un cinéma de fantasmes, un cinéma
différent, unique qui en rebuteront très justement certains
à cause de longueurs concentrées sur la fin et dont l'utilité
me laisse dubitative puisqu'elle plombe le film sans raison. Gardez l'esprit
ouvert... |