Plus que la beauté des images, parfaitement adaptée
au conte qu'elles sont censées servir, c'est le superbe
rendu de l'animation qui me scie et, encore plus, celui du jeu
des acteurs. Il est clair qu'un nouveau genre est né,
à mi chemin entre le cartoon et le film live. Mais y-a-t'il
quelque chose derrière tout ça ?
L'histoire d'un vieillard qui ne respecte rien, acariâtre
au possible, radin à n'en plus pouvoir et qui hait Noël
par dessus tout. Des fantômes vont le mettre face au miroir
de sa propre existence afin qu'il redécouvre son passé,
ce qui l'a rendu amère, afin qu'il constate comment il
est perçu par autrui et ce qui restera de lui sur cette
Terre, après son passage ; afin qui puisse apprécier
in fine cette merveilleuse fête... Ces réjouissances
me paraissent aussi intelligentes que finement morales, et d'ailleurs
la version papier de Dickens a réjoui des générations
et des générations de lecteurs : alors pourquoi
a-t-il tant de mal à franchir la barrière de l'écran
? Plus limité que les possibilités techniques
et la grande liberté qui est offerte au réalisateur
et dont il s'approprie avec le plus grand des plaisirs !
Soyons honnête : je ne suis pas totalement emballé
par ce film. Pourtant, malgré son statut d'oeuvre grand
public et un scénario qui ose, réellement , être
effrayant pour les plus jeunes, et semble par la même
vouloir me carresser dans le sens du poil, il n'y a quelque
chose qui me gêne derrière son aspect visuel...
Un récit qui n'aurait rien de bien cinégénique
si le scénariste n'avait pas étouffé son
film avec une indigestion d'effets spéciaux et visuels
en tout genre qui donnent à l'oeuvre un style tape-à-l'oeil,
grimaçant -plus que Carey himself !- et sans retenue
aucune ; comme si l'on avait voulu étoffer une histoire
courte, masquer un enjeu connu dès le départ afin
de retenir l'attention du spectateur le plus cinéphile
et le plus exigeant. Mais si l'on ôte toutes ces gesticulades,
que reste-t-il ?
L'histoire ne soulève que bien peu passion, très
peu d'émotions véritables, reste purement démonstrative
et atteint d'un gigantisme à l'américaine ; il
manque à ce film la véritable magie de Noël.
Une oeuvre simple qui se cache derrière des images étourdissantes
: et c'est sans doute cette dichotomie qui m'a laissé
froid.