Il y a du Batman dans ce Crow. Dans sa représentation
d'une ville nocturne & baroque, sombre, immonde, labyrinthique
& morbide, gangrenée jusqu'à la moelle et
empreinte du comics d'origine. Mais également dans sa
poésie scénaristique, cette idée du mort
qui revient, accompagné d'un corbeau (hommage évident
à Edgar Allan Poe) pour accomplir une vengeance d'outre
tombe ; ses âmes unit jusque dans la mort. Et il y a cette
mise en scène expessionniste, occillant entre un quasiment
noir et blanc et des images surcolorisées, rouges sang
; burtoniennes. A. Proyas donne une forte personnalité
à son film, le glorifie, le magnifie de par la puissance
donnée à ses images par sa caméra. Jusqu'au
make up gothique du Crow et ses faux airs de Joker trop sérieux.
Ambiance pluvieuse, grisâtre, musicale, absence d'artillerie
lourde : The crow trouve pourtant sa personnalité,
comme une sorte de Batman prolétaire. Sans doute le film
manque-t'il d'aller assez loin, notamment dans ses séquences
vengeresques trop sobres -et pas assez sombres-, lui permettant
de dépasser ce stade d'actionner (pour autant réussi).
Il lui manque également des bad guys à la digne
hauteur de Michael Wincott / Top Dollar et surtout une intro
qui sache mieux jouer la carte de l'émotion, plus longue
et plus subtile, celle qui aurait permis de faire plonger le
film à corps perdu dans une toute autre dimension. Car
ce script ne se contente que de frissonner d'émotion
jusqu'en sa magnifique scène finale. Sans nul doute l'expression
d'une forte dualité entre les fonctions commerciales
déplacées du film et l'univers artistique qu’affiche
l’auteur du comics.