Une simple histoire de fantôme ? Oh que non ! Mais avant
l'histoire en elle-même, ce qui nous saute aux yeux c'est
l'extraordinaire beauté picturale de cette oeuvre, renversante,
chaleureuse, pastelle comme une oeuvre colorisée et horrifique
des 60's ; on s'y sent comme chez soi. Et puis il y a la griffe
"Guillermo", tellement éloignée des
canons du genre : c'est un film non pas de fantôme, mais
"où il y a des fantômes", créatures
au design définitivement original et ravageur pour un
film décomplexé et réalisé par une
main gantée de velours ; une réalisation aussi
délicate qu'une danse de salon. Un bijou à contempler
sans se lasser, de la photo aux décors en passant par
les costumes. Le premier point intéressant de cette histoire
est de prendre à rebrousse-poil un simple film en costume,
une love story d'époque, et de la pervertir sublimement
par le biais de l'épouvante : on y fait exploser les
codes du genre par une ambiance gothique et noire, un mystère
opaque, une violence sanglante et des décors sublimement
glauques. Loin des dérapages hideux de la saga "Paranormal
activity", le manoir de Crimson Peak possède une
âme, tenant son rôle de personnage à part
entière dans le film, loin de se contenter d'être
un simple décor à la beauté décadente
et dans lequel on crève d'envie d'aller y faire quelque
pas angoissés. Del Toro y déploie tout son univers,
chaque détail participe à ce sentiment étrange
et presque gênant qui se dégage de son film : cette
machine qui refuse de fonctionner, ce sol poreux, cette terre
rouge sang, ce toit troué et enneigé, ce sous-sol
inédit et inquiétants, ces fantômes absolument
abominable et ensanglanté, ces relations ambigues entre
les personnages ; jusqu'aux papillons. Del Toro a (presque)
réussi ici à faire ce que Burton avait réalisé
avec Sleepy Hollow : car
l'oeuvre y est nveloppé d'un mystère qui va cependant
manquer de nous surprendre puisque très ancré
dans la tradition des films Hammer (le personnage principal
a pour nom "Cushing"). Délectable.
NOTE : 13-14 / 20