A la fois métaphore d'un
capitalisme déclinant (vraiment ?) et très au goût
du jour (la bulle capitalistique qui est représentée
par la riche limo), divagations intellectuello-futuristico-érotiques
qui tournent autour de son -ses- sujets sans y mordre vraiment
dedans, long poème existentiello-financier qu'il ne faut
peut-être ne pas trop décortiquer au risque d'être
déçu ? Ce film épouse parfaitement les formes
d'un livre, tout en chapitres de confrontations verbales entre
les divers personnages, il recrèe un monde au bord du chaos,
une grande ville de souffrance, une société malade
et un microcosme au bord de l'implosion où la réflexion
est aussi importante que le futile (la coiffure parfaite du héros).
Une virée nocturne dérisoire et belle. De prime
abord la fascination dépasse l'ennui, en tous les cas pour
qui l'économie est au centre du monde, puisque la réalisation
typiquement froide, implacable et calculatrice de Cronenberg emporte
immédiatement notre adhésion, puisque l'on retrouve
le réalisateur après ses errances réalistes
(A dangerous method) ; ça fini par ressembler à
du
Crash sans la même perversité,
à du
Exiztenz sans véritable
concept fort, solide et non vaporeux, qui aurait permis de lier
le tout, à du
Festin nu
sans une totale folie visuelle. Faute de but sensible autre que
la fin du monde capitaliste et la recherche d'un coiffeur, on
se laisse aller à la nonchalance du héros, un héros
fascinant mais dont la froideur tend à déteindre
sur nous ; froid, impulsif, paranoïaque. Robert Pattinson
y est bluffant, la musique d'H. Shore superbement glaçante,
les couleurs du film charnelles et maladives. Une oeuvre qui semble
aimer se faire détester puisque fumeux et, quelque part,
un rien inutile ; une branlette intellectuelle à l'âme
torturée qu'il faudrait voir et revoir afin d'en comprendre
toutes les finesses au-delà de son aspect viscéral.
Mais tellement belle. La scène finale avec P. Giamatti
est aussi superbe que symptomatique. Difficile d'être insensible
face à l'oeuvre de ce réalisateur : il exerce sur
moi la même facsination que celle d'un insecte nocturne
face à la lumière.