L'introduction nous présentant de banals personnages de "college 
        movies" pouvait laisser envisager le pire... alors qu'il faut mettre tout 
        cela en parallèle avec le développement futur de l'histoire. Imaginez : le plus commun des lycéens s'empare d'un pouvoir 
        pour le moins extraordinaire, lui donnant justement toute lattitude ; qu'en ferait-il ? 
Il est fort à parier que, dans un premier temps, il s'amuserait avec ses nouvelles aptitudes, comme tout adolescent de son âge, avant 
        même de pouvoir le maîtriser totalement. Par conséquent il 
        finirait par déraper, frôlant le drame et se mettant 
        des gardes-fous pour ne plus se faire ; sans pour autant  comprendre de façon innée
        que ce pouvoir physique se doit d'être avant tout contrôlé 
        mentalement. 
Le plus banal des quidams jouerait de cette nouvelle puissance 
        en exacerbant sa personnalité, son vécu, son histoire 
        intime, et tout deviendrait une simple question d'ego... Chronicle devient complètement 
        passionnant quant à démontrer comment un être fragile, qui soudain 
        peut maîtriser son destin, sombre dans une ivresse de pouvoir,  son éducation 
        déteignant alors jusque sur ces actes (son père est violent ; il 
        devient violent). Son statut de "héros", à la 
        fois de sa propre vie tout comme de "Chronicle", se pervertissant 
        en celui de "méchant", où plutôt d'être 
        humain dépassant sa morale après la mort d'un être cher, 
        libéré de tout ce qui avait été une contrainte 
        pour lui auparavent. 
Le film 
        a l'intelligence extrême d'adapter le scénario, sa trame, 
        son évolution, à la personnalité de chacun des personnages, 
        et c'est une chose aussi rare que brillante. Chronicle va concentrer sur 
        1h30 l'apprentissage de leurs pouvoir par ces ados (soit les 1ères minutes du Spider-man de Raimi), non pas, et seulement, avec le réalisme qui va souvent avec ce type 
        de production à petit budget, mais avec un naturel déconcertant, 
        troublant, qui va nous prendre à la gorge et ne plus nous lâcher. Et le réalisateur s'avère particulièrement génial, 
        de par son sens inné de l'ellipse (le montage va dans le sens de 
        l'histoire, pas dans celui des spectateurs, il ne montre que ce que le 
        héros voit) et son habileté à trouver un angle réaliste 
        à filmer ces chroniques, à s'éclipser derrière 
        son film comme aucun des réalisateurs de la saga "Paranormal 
        activity" n'a jamais su le faire. 
Ce film n'est plus de la simple 
        fantasy marvelienne (excellente en général, je le rappelle 
        !) mais un véritable drame humain, centré sur les personnages, 
        un drame très fort et vraiment puissant qui trouve son point d'orgue 
        lors d'une bataille finale ahurissante, vécue de l'intérieure 
        comme rarement, car brouillonne, qui semble à peine pensée et d'autant 
        plus crédible, douloureuse et percutante. 
Si ce film prend aux 
        tripes ce n'est donc pas essentiellement dû à la grande qualité 
        de ses SPFX (12 M$ !) mais bien grâce à sa pertinence 
        et à ses choix scénaristiques, sachant faire évoluer ses personnages avec une réelle 
        réflexion ; et de rester tout du long au plus près d'eux. Un réalisme qui dépasse de loin son aspect "found footage" et qui vient s'inscire dans une analyse pertinente : celle du film de (super)-héros et d'un drame humain, très terre à terre.