Une première scène en forme de coup de poing,
pour un film qui ne vous lâchera plus.
Bien sûr on pense à District
9, pour son aspect politico-réaliste qui
dépasse, et de loin, le simple cadre de la science-fiction.
Et on n'a pas tort !
Il y a tout d'abord un cadre "technique" des plus
solides : depuis la musique discrète mais terriblement
importante, jusqu'en une réalisation racée et
nerveuse qui prouve que l'on peut filmer une œuvre en caméra
épaule et pour autant faire un travail recherché
et d'une grande finesse. En passant par un montage au cordeau,
fortement incisif, et une photo aux tonalités vert de
gris, déprimante.
Mais au-delà de ses qualités purement visuelles,
c'est une oeuvre qui parle essentiellement de résistance,
de collaboration, de Big Brother, de zone libre, de trahison,
d'espionnage, de déportation, de sacrifices et de combats
pour la liberté.
Plutôt que d'en faire un film d'action décérébré,
surexposant ses ET (originaux) pour spectateurs gogos, c'est
un film de guerre plus que de SF. Descriptif, précis
et référentiel (l'utilisation des pigeons) et
effectué avec beaucoup de déférence pour
le genre.
R. Wyatt nous propose un cinéma de métaphore :
avant l'arrivée de ces envahisseurs, le monde était
en crise, et d'un coup de baguette magique ils résolvent
tous les problèmes de l'humanité ! A quel prix
? Celui de la liberté, de la sérénité
et de l'écologie. Personnellement j'y ai vu une oeuvre
épidermiquement post-Trump (de son ascension au résultat
des élections : n'est-ce pas une invasion ?), métaphore
d'un populisme sensé régler les problèmes
d'un monde -dont la seule difficulté est de ne savoir
redistribuer les richesses avec justesse et impartialité-
mais dont les solutions politiques déplorables (fermeture
des frontières) et économiques catastrophiques
(le vol des richesses de la planète) amènent rien
de plus que la paupérisation des peuples et la guerre.
NOTE : 15-16 / 20