Ce film peut paraitre un peu "à
la mode", mais il signe le retour du véritable film
de SF politique, celui-là même qui nous manquait
cruellement : l'accueil d'étrangers sur un territoire national,
dans des camps puis des ghettos, le racisme quotidien et banal
("les crevettes"), les perturbations sociales, l'inquiétude
dûe à l'incompréhension, la criminalité
latente...etc. Tout les pays situés au nord du globe connaissent
cela par coeur. Si ce film est plein de qualités, notamment
des FX qui ne font jamais cheaps (les aliens eux-mêmes et
le robot final), une technique documentaire qui va parfaitement
avec le sujet, technique doublée d'une réalisation
avant tout percutante mais très réussie, de nombreux
détails laissés de côté afin de ne
pas lèser l'imagination du spectateur (comment ont-ils
décodé le langage ? Quel est leur culture ?), il
n'en reste pas moins que quelques défauts font surface.
Essentiellement au niveau du scénario : celui est vraiment
mal équilibré, entre la trop longue scène
de l'émissaire officiel, déplaceur de population
et dont l'humour parait assez saugrenue dans une telle situation,
une sorte de one man show un peu plombé, et des scènes
un peu courtes (surtout celle de "l'hopital"), tout
comme une partie de l'intrigue restant assez B-movie (on imagine
très bien ce qui va advenir de ce pauvre homme et les intentions
des E.T. deviennent vite claires), ayant du mal à nous
surprendre réellement ; mais c'est sans doute parce que
l'intéret est ailleurs : dans le travail sur le côté
réaliste de l'oeuvre, notamment la transformation du héros,
très humanisée, un peu à la manière
du sublime
Moi, zombie. Mais le
scénariste nous fait très bien ressentir la dualité
que l'on peut éprouver face à ces étranges
"personnages", aux moeurs différentes des nôtres
et que l'on ne connait pas (l'absence de détail n'est donc
en rien fortuite !) : doit-on avoir pitié d'eux parce qu'ils
sont traités sans égard ? Doit-on se méfier
d'eux parce qu'ils fabriquent une arme (de destruction massive...)
et qu'elle a l'air aussi dangereuse qu'ils le sont ? Une belle
réflexion qui va bien plus loin que nombre de films...
sans extraterrestres ! Et je parlerais enfin qu'aux fans purs
et durs de Jackson : le gore giclant et l'emploi assez violent
d'un animal (un cochon cette fois, histoire de foutre la paix
aux moutons et autres mouettes !) les renverront au tout premier
film du maitre,
Bad taste ; un
clin d'oeil ?