La
cabane dans les bois |
Drew GODDARD |
(13-14) |
Vous êtes prêt ? Parce que le film qui va
suivre, vous n'en avez jamais vu de semblable, les scénaristes
s'y sont fortement et intelligemment appliqués, et vous n'êtes
pas prêt d'en revoir un comme cela !!! Vous pensiez connaître
le pitch par coeur (les jeunes partent en week-end, faire la fête
au fond des bois), les personnages (la blonde, le sportif, l'intello,
la naïve, le camé), les situations (Ah, la station service
à moitié abandonnée et gérée par un
"redneck" !). Vous avez déjà jubilé devant
Tucker et Dale fightent le mal
? Alors ce film est fait pour vous. Sauf que ce n'est pas de cela qu'il
s'agit... enfin si, mais disons que l'approche est radicale et radicalement
différente, absolument et absurdement originale. Dès l'introduction
vous allez croire vous êtes tout bonnement trompé de salle
: car sur ce film d'horreur façon Evil dead et Cie, plane l'ombre
du... Truman show ! Et pas seulement. Mais
pourquoi un tel crossover (et ce n'est pas un gros mot) ? Pour servir
a priori une ambition assez surprenante : pas seulement celle de surprendre
le spectateur -ce que le film fait au plus haut point-, mais nous livrer
l'étude clinique d'un genre cinématographique à travers
le prisme de scénaristes grandeur nature qui s'emploient à
ne pas sortir des sentiers balisés par des centaines de leurs prédécesseurs
et ne pas faillir à leur mission. Leur mission ? Le but de tout
cela ? Pas seulement intellectuel à vrai dire : ce sera à
vous de le découvrir en découvrant le fin mot de l'histoire
; au risque d'être un peu déçu malgré une fin
haute en couleur (certains diront poussive... mais tellement logique et
bandante !) et une oeuvre qui sous ses petits airs ne se prend jamais
vraiment au sérieux, ce qui fini par sauver l'entreprise. Avouons
que le mix n'est pas toujours très digeste, les apartés
un peu folklos et on sent que derrière tout cela le véritable
propos est bel et bien de dynamiter un genre morose, pour ne pas dire
mort puisqu'abonné aux direct-to-DVD les plus poisseux, plutôt
que de disserter en profondeur. Mais ce ton réellement intellectuel
et réflexif est réellement inhabituel et savoureux : la
métaphore du scénariste fonctionne à merveille, le
côté comédie permet de démonter le genre horrifique
en montrant une à une la moindre de ses ficelles, mais sans pour
autant manquer de respect au genre (la fin vous évoquera mille
et un films, avec un grand clin d'oeil à Clive Barker, son Nightbreed
/ Cabal et son "Pinhead" ; mais oui IL ressemble à
Pinehead !). Même si tout cela fini par être poussif, dans
la joie et la bonne humeur je le rappelle, il y a un autre clin d'oeil
très habile que je me dois d'évoquer : lorsque les employés
font la fête avec, en fond, les images du massacre de la dernière
survivante, c'est une scène brillante qui s'adresse intimement
aux spectateurs un peu "coupables" de s'amuser devant ces spectacles
abominables... dans l'un desquels le film finira par se vautrer glorieusement.
En tous les cas c'est assez surprenant qu'un studio prenne ce genre de
risque : avec J. Whedon au scénario, il n'imaginait pourtant pas
encore avoir à faire à un petit génie. Un bon 14. |