(Ce film nécessite d'être découvert avant
de lire toute analyse...)
Si on passe la première moitié du film à
se demander où les scénaristes veulent bien en
venir, où se trouve le véritable propos du film,
c’est pour mieux assumer le choc de la deuxième
partie. Tout cela parait niais, bleu, lisse, stéréotypés
? Evidemment… ça passe à la télé
et cela a été façonné pour être
PARFAIT. Horriblement parfait. Jusuqu'à ce qu'un grain
se glisse dans l'engrenage.
The truman show est la métaphore parfaite
d'un monde où l'on nous contrôle de A à
Z, manipulés que nous sommes par notre éducation,
par notre environnement social, par télévision
et ses millions de pubs qui nous poussent à la consommation
de masse, par ces réseaux soit-disant sociaux... conditionnés
que nous sommes devenus. The truman show c'est
la mise en scène mensongère et ignoble d'une vie
complète : le créateur du show, Kristoff, se substituant
à Dieu ; le libre arbitre en moins. C'est tout autant
un film visionnaire sur le devenir de notre télévision
poubelle, balançant des spectacles pour les foules, aussi
addictifs qu'idiots, perdant peu à peu de leur déontologie
(certains streamings sur youtube, les innommables reality show...).
C'est avec ce film à l'humour très fin, porté
par un Jim Carey au sommet de son art, que l'acteur se révèle
totalement : un pur génie comique digne des plus grands
noms. De son côté P. Weir nous place constamment
à la place du spectateur pour une immersion assurée,
même lorsque nous sommes encore dans l'illusion d'une
certaine réalité.
Truman représente l’homme à la vie modelée
selon l’image, les attentes d'un audimat (le téléspectateur
dit "moyen"). "Truman" c'est bel et bien
le "true man" = la seule chose vraie, réel
dans le show ; c'est l'être humain, intègre, sincère,
entier. En ce sens la fin est complètement époustouflante
: elle ouvre en grand le champ des possibles, nous poussant
à s'insurger contre ces médias qui biaisent notre
pensée, à s'affranchir du quotidien, reprendre
pied avec la réalité du monde extérieur
; c'est un vibrant appel au rêves, mais surtout un appel
à briser ses chaînes et être soi même,
à redevenir soi-même, nettoyer de tout ce qui nous
modèle. Une fin ouverte, libératrice ; un souffle
de liberté.
NOTE : 19-20 / 20