La chasse aux méchants Trolls est donc déclarée
ouverte ! Et c'est dans le cadre d'une petite et somptueuse,
mirifique ville empruntée à un Moyen-Age fantasmé
que celle-ci se déroule, ville impressionnante de par
ses détails architecturaux, sentant la vie derrière
de simples décors ; tellement belle et complexe dans
sa petitesse que l'on a une irrésistible envie d'aller
s'y balader, flâner dans ses rues, découvrir ses
impasses...etc. Et sous cette ville humaine se trouve le monde
mystérieux des trolls en boite. S'ensuit une animation
"Laïka" absolument irréprochable et toujours
aussi magique. Si le film fourmille effectivement de petites
idées géniales (le fromage qui constitue un véritable
trésor, le chapeau valant autant qu'une médaille,
ces créatures étrangement coincées dans
des boites, apparemment par pudeur) on se trouve en présence
de la fameuse légende des Borrowers, déjà
utilisée au cinéma (Arrietty,
Le petit monde des Borrowers)
: des petites créatures qui volent pour créer
de toute pièce leur univers caché. Derrière
la superbe morale -dont on va reparler- il y a quand même
un scénario un peu léger : les "gentils"
humains effrayés par les "méchants"
monstres, sachant que le monstre n'est pas toujours celui que
l'on croit, la love story cousue de fil blanc (où les
"races" ne se mélangeront pas...), un personnage
de petite fille délaissée par son père...
C'est beau, techniquement parlant, mais c'est un peu plat du
côté purement narratif. Pourant la morale possède
une étonnante résonnance : la haine d'un autre
peuple, différent de soit, haine mûe par une méconnaissance
et une fausse mauvaise action qui leur est attribuée
: le pseudo-vol d'un enfant par un seul d'entre eux fait du
peuple des Trolls, chacun d'entre eux, des barbares sanguinaires
dont la légende va enfler peu à peu... On comment
expliquer l'un des mécanismes du racisme... De plus les
personnages humains possèdent des traits absolument géniaux
: ils convoitent ce qui ne leur sert strictement à rien
(un vulgaire chapeau de couleur blanche et non rouge...), des
privilèges ridicules (manger du fromage) et qui plus
est des privilèges qui sont nocifs pour eux (idée
suprême de l'insignifiance faite homme) ! Mais les apparances,
les apparats, le paraître, les grandes et belles cérémonies,
sont tellement plus importantes que ce qui ne se voit pas :
l'amour de ses enfants, par exemple. Signe extérieur
de richesse... et de bétise...
NOTE : 13-14 / 20