Arrietty,
le petit monde des chapardeurs |
Hiromasa YONEBAYASHI |
(17-18) |
Les Borrowers sont de retour au cinéma... et en très grande forme ! Il faut dire que la promiscuité de petits êtres cachés quelque part dans les mûrs de notre belle maison, vivant à l'identique de nous, est assez évocatrice et merveilleuse, surtout lorsque le film adopte très clairement leur minuscule point de vue. S'ensuit une fabuleuse histoire, littérallement magique, à tout niveau, portée par une musique exceptionnelle qui comptera parmi ce que j'ai entendu de plus beau au cinéma, et une bande-son à l'importance capitale : elle nous fait brillamment ressentir la petite taille de ces chapardeurs en augmentant symboliquement les résonnances et la puissance des sons quotidien. Mais le film est également incroyable de par son écriture scénaristique qui pointe du doigt les divers personnages, leur relation étroite. Arrietty et le garçon humain vivent une histoire draconnienne, celle d'une amitié impossible puisqu'ils n'ont pas le droit de se voir, à peine de se parler ; une histoire d'amour qui rend justice au monde de l'enfance, sensible, pudique, vraie et d'une rare force. Les liens qui unissent les humains et les chapardeurs mériterait à lui tout seul un livre explicatif : les chapardeurs ne peuvent vivre sans les humains mais se nourissent sur leur dos, les humains sont entre l'incongruité, la douce compréhension et la tolérance vis à vis de ces êtres peu demandeurs et en rien nocifs, et la haine représentée par la vieille qui chasse cette "erreur de la nature" comme des rats, sans chercher à les comprendre. Dernier lien et non des moindres : celui qui s'oriente autour du thème de la disparition ; les chapardeurs semblent être une espèce en voie de disparition, la famille va devoir quitter les lieux après avoir été vu des humains, et d'un autre côté le garçon a une maladie qui pourrait lui être fatale... on pourrait ajouter la peur de la mère Chapardeuse de voir disparaitre à chaque mission son mari ou sa fille ou celle, justement très fugace, de Spiller. Vous l'aurez compris, ce film est bien plus profond qu'il ne pourrait en avoir l'air, il est absolument sublime visuellement, le réalisateur nous transportant dans le monde minuscule avec brio, les décors sont un régal pour les yeux (des tonnes de détails à voir et à revoir, comme cette aile de libellule en guise de plume pour écrire, disposée sur une table, au fond d'une scène ; divin). Et le film ne s'arrête pas en si bon chemin : le final est bouleversant, superbement ouvert, laissant intelligemment libre cours à notre imaginaire longtemps après la vision du film ; magnifiquement émouvant. Une oeuvre rare. |