Ca commence par ces histoires que les gens se plaisent à
raconter, encore et encore, tout au long de leur existence.
Mais finalement Big fish est l'histoire des
relations complexes entre un père et son fils ainsi que
de ces milliers de petites histoires de notre vie quotididenne,
de nos vies humaines, sociales et économiques.
La vie d'un homme contée et fantasmée (?) sur
son lit de mort, entre réel et imaginaire : la naissance,
la paternité, l'amour, l'aventure, la guerre, les rencontres,
la mort, la peur, le rire,... Voici un biographie qui prend
agréablement l'apparence d'un conte insolite aux tendances
bizarro-comico-effrayantes, plus communément appellées
: "burtonniennes". Le scénario jongle avec
grande habilité avec le fantastique, tout en délivrant
de jolis messages d'une immense profondeur.
On y retrouve donc des personnages décalés et
quasiment irréels, un véritable amours des freaks
(la sorcière à l'oeil rivé sur la mort,
le géant difforme, le poisson géant -qui fait
un peu écho à celui de Arizona
dream- et multiforme, le loup-garou, les siamoises...) de
même que son lot de lieux insolites : depuis les suburbs
américains jusqu'à la ville idéale cachée
en Alabama et où l'on va nus-pieds, en passant par les
arbres avenants, la maison de la sorcière, la forêt
mystérieuse...). Le tout au travers d'une réalisation
imbibée d'un immense esprit de liberté matiné
d'un bon grain de folie visuelle : le jeu avec le temps, le
parterre de fleurs, la météo chagrine, une touche
d'expressionnisme...
Big fish est film au charme faussement désuet
et grandement inventif et enchanteur, renouant avec le bonheur
d'une bonne histoire, de celles que l'on se raconte de génération
en génération, qui participent à notre
apprentissage de l'existence dans son incommensurable complexité.
Une oeuvre qui est, par conséquent, un conte initiatique
(le voyage qui permet au héros de grandir et de trouver
sa voie), sur la vie et son apprentissage, qui parle de symboles
et de présages. De plus le montage est absolument entraînant
et délicieux et contribue grandement à notre attachement.
Ca vous déboussole un peu, beaucoup, passionnément,
ce n'est jamais formaté, ça devient drôle
et joliment naïf, imaginatif.
Burton continue à nous faire découvrir son univers
unique et passionnant, totalement empreint d'une poésie
délicieuse.
NOTE : 17-18 / 20