|   Dès le superbe générique, 
                loin d'être anodin, et la scène d'introduction des 
                plus délicates, nous savons à quoi nous attendre 
                : un vibrant hommage, un passage brillant du papier jusqu'au grand 
                écran, un travail d'orfèvre à la fois dans 
                le traitement des images et la scénarisation (notamment 
                par l'auteur de Attack the block 
                !). Chaque image, chaque détails, chaque clou rouillé, 
                chaque coup de vent, chacun des embruns, chaque goutte d'eau, 
                chaque poussière retranscrit à la perfection l'ambiance 
                des albums et agit sur nous telle la madeleine de Proust, nous 
                plongeant dans une lointaine enfance, nous faisant revivre à 
                merveille ces aventures mythiques, n'oubliant surtout pas de ne 
                rien perdre en route, ni la saveur de l'enquète, halletante, 
                ni le petit côté européen de l'ensemble, ni 
                la personnalité de son créateur originel. Même 
                si la seconde partie -mais je ne suis que marvelophile, pas tintinophile- 
                me semble plus éloignée, plus proche de l'adaptation 
                que de l'hommage direct, une prouesse spielbergienne un peu plus 
                déroutante mais fabuleusement efficace et pas si éloignée 
                que ça de son modèle ; sans doute sert-elle à 
                ne pas perdre en route le plus fan des fans, lui permettant de 
                vivre pleinement et sans retenue ces nouvelles aventures hors 
                normes. 
                Si chaque plan nous fait vivre ce que Hergé évoquait 
                brillamment, c'est parce que Steven Spielberg est tout simplement 
                génial et prodigieusement intelligent. Faire passer un 
                personnage de planche à une oeuvre 3D nécessitait 
                un petit quelque chose, une véritable transcription : par 
                exemple en réalisant l'oeuvre avec le moins de plan fixe 
                possible ; où le secret d'une adaptation visuellement réussie 
                ! D'ailleurs le scénario est tellement vif que l'impression 
                persistante de ne voir qu'un seul et même plan durant toute 
                la durée du métrage ne nous quittera pas. Et certaines 
                images m'ont personnellement fait ressentir une chose de plus 
                en plus rare au cinéma : des frissons de plaisir, des "oh 
                !" d'étonnement, d'émerveillement. Car le plus 
                beau cadeau de Spielberg est de nous offrir une oeuvre où 
                l'on sent à la fois la grande qualité technique 
                et l'extrême finesse dans le travail artistique, des images 
                léchées, soignées au-delà de leur 
                vitesse de défilement ; ces images, je le répète, 
                sont renversantes, parfois bluffantes de réalisme, troublantes 
                au détour d'un plan, un couché de soleil, un personnage, 
                et, finalement, encore plus belles que la réalité 
                puisqu'issues de l'imagination fertile du plus fameux des auteurs 
                belges. Le réalisateur trouve avec cette nouvelle technologie 
                à la fois la plus grande des libertés (sa réalisation 
                est ébourriffante de maitrise et d'une lisibilité 
                impressionnante) et le choix d'explorer littéralement les 
                planches d'Hergé sans restriction aucune, de s'y engouffrer 
                dedans pour les faire vivre littérallement aux spectateurs. 
                Tous les thèmes sont également là : la rencontre 
                entre deux aventuriers que tout oppose, l'histoire avec un grand 
                "H" du capitaine Haddock, finalement le véritable 
                héros du film, son alcoolisme presque gênant, la 
                découverte de Moulinsard, de quelques personnages secondaires 
                (Dupont & Dupond, la Castafiore) ; l'humour est très 
                familial, complètement bluffant de naturel et on s'y prête 
                sans retenue aucune... un vrai retour en enfance vous dis-je ! 
                Pas une seconde d'ennui, le scénario est trépidant 
                jusqu'en son paroxysme (la scène de poursuite qui nous 
                ramènera indubitablement aux aventures d'un certain Indiana 
                Jones, qui a sans aucun doute fortement "inspiré" 
                le réalisateur). Une perle visuelle, un cadeau du réalisateur 
                américain aux fans du monde entier, aux familles. 
                C'est certainement la première fois que les spectateurs 
                verront un album de Hergé en mouvement. 
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