Un faux film policier au final abasourdissant : intriguant,
dérangeant, séduisant, assourdissant et troublant...
Car il y a avant toutes choses une ambiance tangible, palpable
et tellement forte et omniprésente qu'elle ne peut que
nous subjuguer, dépasser la barrière de l'écran
et nous saisir le coeur ; la musique du film, ses saxo langoureux
et affutés, son atmosphère New Orleans, finissent
par nous mettre mal à l'aise. Les plans biscornus et
géniaux de Parker, génie décrié,
sa caméra qui met en avant les ombres menaçantes
d'un monde malade, plonge le film dans une espèce de
malaise difficile à cerner de prime abord. La photo grisâtre
de New York qui contrebalance celle humide et faussement chatoyante
de Louisiane et fait également balancer notre coeur.
Les effets de montage percutants qui donne un rythme fabuleux
à l'oeuvre. Les obsessions du réalisateur qui
deviendront autant d'indices pour résoudre un mystère
dont le dénouement est stupéfiant : les ventilos
qui ne tournent pas toujours rond (comme la vie de Angel), les
ascenseurs dont le final révèle la teneur, et
surtout cette folie de l'eau qui coule (censé laver,
rendre propre) et dont l'interprétation restera libre.
Par delà les qualités purement esthétiques
de l'oeuvre on y découvre une enquête policière
fascinante, empreinte des films noirs ; mais loin de Los Angeles
et de ses privés à qui tout fini par réussir.
Angel heart est un film désespéré,
composé de thématiques foudroyantes et d'une puissance
rarement atteinte sur un écran : la fin est un pur cauchemar
et cette oeuvre unique devient l'une des plus sulfureuses jamais
envisagée (cf. les scènes déjà chocs
qui prendront une signification encore plus terrifantes, où
tout devient lourd de sens). Le film pose des questions essentielles
: qui sommes-nous réellement ? Qu'est-ce que le Mal ?
Où comment renouveler génialement le mythe de
Faust : Angel est à la recherche d'un homme qui a sombré
dans le Mal et va devoir payer ses fautes de la pire des manières.
Rourke compose un détective fascinant et au charisme
impeccable ; L. Bonet explose littéralement de sensualité
dans le rôle de sa carrière. A savourer comme l’ultime
film d’épouvante, celui qui vous menera par le
bout du nez, dans la droite lignée de "L’échelle
de Jacob" ou "Sixième
sens".
NOTE : 19-20 / 20